108. Greenberg & Me

Publié le 29 avril 2010 par Dylanesque
Aujourd'hui, en plus d'avoir commencé mes révisions, de m'être balladé au soleil, d'avoir acheté un disque de Television et d'avoir couru sous les giboulées d'avril, je suis allé au cinéma. Ca faisait longtemps, je ne vais plus beaucoup au cinéma. La faute au porte-monnaie, à ma fermeture d'esprit, au téléchargement, au fait que je supporte pas de regarder un film avec d'autres personnes. Mais là, je ne pouvais pas passer à côté de "Greenberg", le nouveau film écrit et réalisé par Noah Baumbach. Je vous en avais déjà parler, il était responsable de mon film de chevet, "The Squid & The Whale", et avait scénarisé les merveilles de Wes Anderson. Pour çà, il a toute ma bénédiction. Avoir Ben Stiller à l'affiche, dans un rôle dramatique est également une très bonne idée. Alors me voilà plongé dans le noir, juste mon pote Romain et moi dans la salle, et un couple qui se bécote, et "Greenberg" donc.

Je suis sorti de la salle tout troublé. Je ne vais pas m'étendre sur le film en lui-même, il est très sympathique, dans la lignée de ce que Baumbach fait de mieux, à savoir un habile mélange entre feel-good movie et chronique dépressive, c'était vraiment charmant, porté par un bon cast, traversé de scènes très belles. Une bonne bande-son aussi (Galaxie 500, LCD Soundsystem, The Sonics, etc..). Non, ce qui m'a vraiment fasciné, et troublé, c'est le personnage principal, Roger Greenberg, porté par un Ben Stiller magnifique. Je ne m'étais jamais autant identifié à un personnage. 
Dans "La Science des Rêves" de Gondry, j'avais reconnu un peu de moi dans la relation de Stéphane Miroux avec Stéphanie. Dans "The Squid & the Whale", j'ai aperçu un bout de mon enfance à travers les gamins Berkman. Mais avec Roger Greenberg, c'est encore plus fort. Je me suis carrément vu à l'écran. Comme un flash-forward m'amenant directement à mes quarantes ans. Parfois, c'était subtile, parfois c'était évident. Troublant.
J'espère ne pas tomber comme Greenberg dans la dépression et me retrouver dans un asile, mais il y a de quoi avoir peur. Les souvenirs de son ex, qu'il croyait être la femme de sa vie, son meilleur ami et le groupe dont ils faisaient partie, ses défauts... Hypocondriaque, maladroit, se prenant trop au sérieux, vivant dans un passé qu'il aurait aimé connaître aussi bien musicalement que dans ses relations avec les autres, sa manière de s'attacher aux filles un peu fragile qui lui font pourtant très peur, son arrogance, son impression d'être unique, ses illusions qui le poursuivent. Un tas de choses que moi seul peut comprendre, reconnaître. Un très beau portrait qui m'a touché, dans une période de totale remise en question pour moi. Oui je change, enfin je crois changer. Et si je n'y arrive pas, je finirais comme Greenberg. 

Noah Baumbach a encore vu juste. Je ne dois pas être le seul, mais jamais un scénariste n'avait autant réussi à me parler, de films en films. Comme si on se connaissait, comme si on avait vécu les mêmes choses. C'est étrange, mais c'est la plus belle chose qui peut m'arriver au cinéma. En tout cas, je vous conseille ce film. Greenberg. Moi. Greenberg. Troublant.

Une réplique du film, une réplique que je peux utiliser pour me justifier, pour comprendre mes conneries, pour me faire pardonner : "hurt people hurts people".