Critiques en vrac 22: Centurion – Date Night – Dragons

Par Geouf

Centurion

Royaume-Uni, 2010
Réalisation: Neil Marshall
Scénario: Neil Marshall
Avec: Michael Fassbender, Dominic West, Olga Kurylenko, Axelle Carolyn

Résumé: 117 après JC. L’Empire Romain a conquis une bonne partie du globe, mais reste coincé en Grande-Bretagne, où les féroces Pictes mènent la vie dure aux legionnaires. Quintus Dias (Michael Fassbender), centurion romain fils d’un célèbre gladiateur affranchi, est capturé par les Pictes lors du massacre du poste avancé dans lequel il officie. Il réussit à s’échapper et est recueilli par la 9e légion partie éliminer la menace une bonne fois pour toute en tuant le roi Picte. Trahis par leur guide, l’esclave picte Etain (Olga Kurylenko), ils se font massacrer lors d’une attaque surprise. Quintus et une poignée de survivants partent aux trousses des Pictes pour délivrer le général Virilus (Dominic West), capturé lors de la bataille.

Portée aux nues après la sortie de son excellent The Descent, Neil Marshall en aura refroidi plus d’un (dont votre fidèle serviteur) avec son semi raté Doomsday, plein de bonnes intentions mais plus que bancal et souvent réalisé avec les pieds. Inutile de dire que le réalisateur britannique était donc attendu au tournant avec son quatrième film, un péplum prenant pour cadre la perfide Albion.

Certainement conscient que l’une des lacunes de son précédent long métrage résidait dans son ampleur mal maîtrisée, Marshall revient à un film un peu plus « intimiste » avec Centurion. Et après avoir donné le beau rôle aux femmes dans ses deux précédents essais, ce sont cette fois les hommes qui sont au centre de ce nouveau film, qui se rapproche énormément de son premier long, Dog Soldiers. Les deux films sont en effet centrés sur une équipe militaire masculine décimée par un ennemi supérieur en nombre, connaissant mieux le terrain et beaucoup plus agressif. Pour mener cette bande de légionnaires perdus dans les montagnes et forêts écossaises, Marshall a fait appel à l’acteur britannique le plus en vogue du moment, l’excellent Michael Fassbender. Un choix parfait, tant l’acteur dégage une intensité rare dans son jeu, assortie à une vulnérabilité de bon aloi. Fassbender est aussi à l’aise dans les scènes de combat (cette fois plutôt réussies et correctement découpées, preuve que Marshall apprend de ses erreurs) que dans les scènes plus intimistes, comme son amourette avec une « sorcière » picte (Axelle Carolyn) qui aurait pu tomber dans le ridicule mais reste touchante grâce à la retenue des deux acteurs. Face à lui, la belle Olga Kurylenko (la James Bond girl de Quantum of Solace) campe de façon tout à fait crédible une féroce et impitoyable guerrière picte.

A vrai dire, le seul problème de ce « survival antique », c’est qu’il manque quelque peu d’originalité et de moments de bravoure mémorables. Mis à part lors du féroce assaut des Pictes sur la 9e légion, le film suit des chantiers très balisés et prévisibles et ne parvient que rarement à surprendre. Un léger défaut néanmoins compensé par la maîtrise de Marshall et la parfaite utilisation de la beauté des décors écossais.

Au final, Centurion est une série B de qualité, certes peu originale, mais emballée avec amour et soin, ce qui en fait un bon spectacle. Certainement le meilleur film de Marshall après le tétanisant The Descent.

Note : 7/10


Date Night

Etats-Unis, 2010
Réalisation: Shawn Levy
Scénario: Josh Klausner
Avec: Tina Fey, Steve Carrell, Mark Wahlberg, Common, Jimmi Simpson, James Franco, Mila Kunis, Mark Ruffalo, Ray Liotta

Résumé: Les Foster forment un couple tout ce qu’il y a de plus banal : mariés, deux enfants, des boulots normaux, une maison dans la banlieue newyorkaise… Leur vie, comme celle de tant d’autres couples est faite de petites routines : le petit déjeuner des enfants, le sexe rapide de temps en temps, la sortie resto du vendredi soir. Conscients tous deux que cette routine risque de tuer leur amour à petit feu, ils décident un jour d’aller dîner en ville pour changer un peu. Refusés à l’entrée d’un restaurant branché, ils se font passer pour un autre couple n’étant pas venu réclamer leur réservation. Une audace qui va les lancer dans une aventure intense lorsque des tueurs à la solde du parrain de la ville les prennent pour le couple en question…

Après avoir officié avec succès dans le registre de la comédie fantastique avec les deux Nuit au Musée, Shawn Levy s’attaque cette fois-ci à la comédie policière avec Date Night. Et pour cela, il réunit à l’écran deux stars du petit écran, l’excellent Steve Carrell (The Office, 40 Ans toujours Puceau) et Tina Fey (30 Rock) pour les besoins de cette comédie enlevée et trépidante fleurant bon les 80’s. Impossible en effet de ne pas penser à des films comme Comme un Oiseau sur la Branche ou L’Epreuve de Force, même si, évolution des mœurs oblige, Tina Fey fait ici jeu égal avec son partenaire masculin, voire le surpasse régulièrement. Le couple Fey-Carrell fait des étincelles et les deux acteurs s’en donnent à cœur joie dans quelques numéros de haute volée (le retour au restaurant pour récupérer le numéro des personnes dont ils ont pris la table, la séance de danse dans le strip club). Ils sont secondés par un panel impressionnant d’acteurs secondaires, de Mark Wahlberg en expert en sécurité charmeur (et qui passe tout le film sans t shirt, les demoiselles apprécieront) à James Franco et Mila Kunis en couple improbable mais hilarant.

Mais la cerise sur le gâteau, c’est que Shawn Levy démontre une fois de plus qu’il est aussi à l’aise dans le registre de la comédie que de l’action. Il réussit à emballer ni plus ni moins que l’une des plus enthousiasmantes et délirantes poursuites en voiture jamais vue sur un écran de cinéma. Et rien que pour ce délicieux moment de bravoure, le film mérite d’être découvert. Une très bonne surprise qui pour une fois vaut bien mieux que sa bande-annonce peu engageante.

Note: 7/10


Dragons (How to train your Dragon)

USA, 2010
Réalisation: Dean DeBlois, Chris Sanders
Scénario: William Davies
Avec les voix de: Jay Baruchel, Gerard Butler

Résumé : Hiccup est le fils du chef d’un village viking régulièrement attaqué par de féroces dragons. Du coup, la principale occupation des fiers guerriers du village est de chasser ces terribles créatures, et Hiccup aimerait bien faire partie desdits guerriers, ce que sa frêle constitution empêche. Du coup, il passe son temps à inventer toutes sortes de pièges pour capturer des dragons, le plus souvent avec des conséquences désastreuses. Une nuit cependant, il parvient à abattre en plein vol le terrible Nightfury, légendaire dragon que personne n’a jamais réussi à approcher. Mais lorsque Hiccup se rend à l’endroit où la créature s’est écrasée, il ne peut se résoudre à le tuer, et le délivre. Au lieu de cela, il commence à apprivoiser la bête et découvre que tout ce que son peuple pense connaitre des dragons pourrait bien être faux…

Dragons, dernière production des studios Dreamworks Animation, est la bonne surprise du printemps. Un long métrage d’animation duquel on n’attendait pas grand-chose, surtout vu la qualité toute relative des derniers films du studio (Monsters vs Aliens, Madagascar 2, Shrek 3, mouais). Et pourtant, cet outsider s’avère être un excellent divertissement au succès amplement mérité.

Car au lieu d’utiliser la recette habituelle du studio, à base de gags référentiels périmés deux ans après la sortie du film ou de blague scato d’un goût plus que douteux, Dragons prend le parti de raconter une vraie histoire et de développer des personnages attachants et un univers cohérent. Ici, les gags viennent des personnages et des situations et non de citations référentielles lourdingues. De plus, le film réussit à faire souffler un vrai souffle épique sur son histoire, et propose une aventure grisante qui réjouira aussi bien les enfants que les adultes.

Une réussite à mettre au crédit du duo de réalisateurs, déjà à l’œuvre sur l’excellent Lilo et Stitch de Disney (on reconnaitra d’ailleurs le lien de parenté évident entre Stitch et le gentil dragon Toothless). DeBlois et Sanders créent de très bons personnages (que ce soit les héros où les personnages secondaires, tous ont leur personnalité), évitent l’écueil des ados agaçants, et réussissent à emballer d’impressionnantes scènes de vol, qui ne sont pas sans rappeler celles d’un certain Avatar. Et la 3D apporte ici réellement un plus, renforçant encore l’immersion et l’impression grisante ressentie lors des scènes de vol.

Bref, on espère que Dreamworks retiendra la leçon et proposera à l’avenir d’autres films de ce calibre, au lieu d’un énième Shrek ou Madagascar.

Note : 8/10


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