Des envies de nature et de durable au salon du meuble de Milan

Publié le 03 mai 2010 par Doukyo

Du 12 au 17 avril, Milan a accueilli la grand-messe de la planète design, le salon du meuble de Milan. Sur place, l'envie de nature, de meubles pratiques, durables et respectueux de l'environnement pour des consommateurs devenus aussi plus regardants sur le prix avec la crise était très forte.

Prédominance du bois, siège en forme de tulipe chez Cappellini ou de trèfle à quatre feuilles chez Sicis, la nature est invitée à entrer dans la maison. "Il y a une envie de choses rustiques, de campagne. Cela ne s'explique pas rationnellement mais c'est le goût de notre époque. Cela n'aurait pas plu il y a quinze ans", explique Evelina Bazzo, directrice de la communication de DeCastelli.

  

Une chance pour cette entreprise de Trévise (nord-est de l'Italie) qui propose notamment des tables en fer percées de trous afin d'y placer des pots de fleurs. A tel point que ses ventes ont bondi de 27% en 2009 alors que le secteur du meuble, l'un des points forts de l'économie italienne, a vu son chiffre d'affaires chuter de 18,2% à 32 milliards d'euros.

Les designers s'amusent à faire tomber la barrière entre intérieur et extérieur comme l'Allemand Michael Koenig avec Picto, des sculptures métalliques en forme d'arbres à placer dans son salon "pour penser à la nature sans avoir de plantes".

Pour les Finlandais de Punkalive, la priorité est au design "eco-friendly", "l'unique façon d'aller de l'avant, le futur", insiste le designer Jukka Lommi. Le montant de dioxyde de carbone émis durant la fabrication de leurs meubles en bois est affiché et rien n'est gaspillé durant la production, l'entreprise se chauffant avec les copeaux de bois.

  

Le Français Philippe Starck abonde dans ce sens. "Le design ne sert à rien, il y a déjà suffisamment de millions de chaises pour poser nos jolies fesses dessus (...) L'écologie, c'est là où on peut encore s'exprimer", souligne-t-il.

L'envie de se replier dans un nid douillet, "un intérieur accueillant pour se défendre" d'un monde en crise est aussi une des grandes tendances actuelles qui se manifeste dans l'utilisation de tissus à grosses mailles ou de tapis, note le designer Marco Romanelli, qui analyse les tendances pour les organisateurs du salon.

Mais ce que veulent par-dessus tout les consommateurs, c'est du pratique, du durable. Et crise oblige, en dépensant moins. "Il y a des choses qui, étrangement, avaient disparu. Une commode, toutes les grands-mères en avaient, on s'aperçoit que c'est pratique, et bien, même au marché aux puces, on n'en trouve plus", souligne Philippe Starck qui en a conçu une pour Kartell.

"Il y a deux ans, beaucoup de monde achetait encore des choses amusantes, ironiques mais maintenant les gens veulent des objets plus pratiques, durables", renchérit Marco Serralunga, patron du groupe italien éponyme.

Article AFP par Mathieu GORSE