Damages [3x 13]

Publié le 03 mai 2010 par Lulla

The Next One's Gonna Go In Your Throat (Season -Series ?- Finale) // 91o ooo tlsp.


   Je peux dire avec bonheur que Damages a quitté le petit-écran sur un excellent épisode, sans fausses notes. Ou presque. La série n'est pas encore officiellement annulée mais il va falloir se faire une raison. J'ai regardé cet épisode comme le dernier et j'ai trouvé la conclusion parfaite, à croire qu'en l'écrivant les scénaristes savaient déjà que tout était fini. Et tant mieux. Terminer Damages sur un cliffhanger aurait été le pire qui puisse lui arriver. Cela dit, je ne suis pas en train de dire que je suis heureux de voir la série partir. Je suis plutôt en colère. Les fins de Lost et de 24 cette saison sont déjà assez dures à encaisser (je ne regarde pas la deuxième mais quand même...). C'est une page qui se tourne. Les séries hyper-feuilletonnantes des années 2000 n'ont plus le droit de citer. Les téléspectateurs sont passés à autre chose. Ils veulent plus de simplicité. Pas moi. Que vais-je devenir ? Un ancien fan de séries ? En tous cas, Patty Hewes et Ellen Parsons vont me manquer. Voilà deux femmes qui auront marqué la télévision.

   Comme chaque saison depuis trois ans, les scénaristes de Damages font un travail admirable en bouclant 12 heures de mystère et de spéculation en 1 petite heure passionnante. C'est impressionnant et encore plus cette année que l'année dernière, mais pas autant que l'année d'avant. L'Affaire Tobin n'avait pas l'éclat de l'Affaire Frobisher mais elle était à bien des niveaux excellente. Chaque membre de la famille Tobin et chaque personnage influent gravitant autour d'eux étaient fascinants. Sauf peut-être Carol, d'ailleurs totalement oubliée du final. Leonard Winstone était sans conteste le plus intriguant et ce jusqu'au bout. Il a même réussi l'impossible : battre Patty à plates coutures ! La chose que l'on croyait tous impossible. C'est d'ailleurs intéressant de se dire que la série se termine sur le premier gros échec de l'héroïne. Martin Short était génial. Campbell Scott était pas mal non plus. Joe Tobin était un personnage passionnant lui aussi, notamment par ses pulsions qui finiront meurtrières. C'est lui qui a tué Tom Shayes. La scène de son exécution était particulièrement insoutenable. Pourtant, on savait depuis le début de la saison qu'il allait mourir. Je regrette un peu que sa femme ne soit pas évoquée mais qu'aurait-elle pu offrir à part des cris de douleurs ? Tous les éléments qui aménent à son meurtre s'imbriquent parfaitement. En revanche, on se rend compte qu'il n'y avait au final pas assez de matière pour faire autant de flashforwards que d'épisodes. D'où leurs absence pesante parfois. Ou alors il aurait fallu s'y prendre autrement. Mais la série est tellement complexe... Marylin Tobin ne m'a pas déçu. Son suicide est une grande surprise. J'ai eu du mal à avoir de la peine pour elle en revanche, mais c'est bien normal après ce qu'elle a fait à son fils et surtout à sa petite-fille... En bref, on peut dire que l'Affaire Tobin, en s'appuyant vaguement sur l'actualité, a été extrêmement convaincante avec quelques moments de flottement de temps en temps.

   Au-delà de cette intrigue fil-rouge, plusieurs petites intrigues secondaires trouvent une conclusion satisfaisante, à commencer par les explications de Wes sur le meurtre de David (et de Messer). Enfin quand je dis "petite intrigue secondaire", je parle là de ce qui nous a passionné en saison 1. Je trouve ça vraiment bien d'avoir pensé à éclaircir toute cette histoire une bonne fois pour toutes. Il ne reste plus aucune zone d'ombre. Et c'était convaincant là aussi. Que demander de plus ? Petit bémol : l'histoire sur le film de Frobisher aura finalement plus servi à faire du remplissage. Certes, sans elle, cette conclusion n'aurait pas pu être apportée mais il y avait peut-être un moyen moins fastidieux pour ce faire. Ravi des apparitions de Ray Fiske, un sacré personnage ! Les passages familiaux d'Ellen pourraient sembler inutiles aussi mais ce n'est pas le cas à mon sens. Ils ont permis d'appronfondir encore un peu plus le personnage et lui offrir des motivations supplémentaires pour aller au bout de ses ambitions. C'était en plus raccord avec les propos de Patty dans le premier épisode. On en vient à Patty donc. On a d'abord une réponse quant à son accident de voiture : c'est son fils qui lui a foncé dedans. Etait-ce prémédité ? Probablement. Ce n'est pas explicité mais je doute que les scénaristes aient pu croire qu'une coïncidence nous suffirait. On va dire que c'est bien tombé ! Je ne m'y attendais pas du tout en tous cas, sauf évidemment au moment où la voiture d'Ellen est volée. L'épisode se termine par un retour sur le passé trouble de Patty, à l'époque où elle était enceinte de la petite Julia qu'elle a plus ou moins perdu parce qu'elle l'a voulu si fort que c'est arrivé. Intervention divine ? Non. Juste une Patty qui se voile un peu la face, qui ne veut pas s'avouer tout haut qu'elle est responsable. C'est là que Julian entre dans le tableau. Il est plus ou moins celui qui lui a fait prendre conscience de ce qu'avoir un enfant à soi représentait. Et c'est là que j'ai compris qu'à chaque fois que l'on a vu Julian dans le présent, ce n'était qu'une hallucination de Patty. Une manifestation de sa conscience. D'autres l'avaient déjà compris ? Je me sens un peu con. C'est en tous cas la seule explication qui puisse justifier que Julian n'a pas vieilli en 25 ans ! Le dialogue final entre Patty et Ellen est géniale. Une longue agonie sans conclusion. "Was It Worth It, Patty ?". Pourquoi avoir collé une chanson country à ce moment-là ? Ca gâche tout. Un grand silence aurait suffit.    


// Bilan // Damages est une série magistrale qui se termine aussi parfaitement qu'elle a commencé il y a trois ans. Elle a offert à Glenn Close le rôle de sa vie. A Rose Byrne sans doute aussi. Elle n'a pas passionné les foules, du moins pas aussi largement qu'elle aurait mérité, mais il ne pouvait en être autrement : l'exigence paye rarement en télévision, surtout quand elle est doublée d'un fond de prétention qui lui a valu une bien mauvaise saison 2. Mais la plus grande intelligence a été d'avoir su se remettre en question et de proposer une belle saison 3, terminant comme il se doit ce petit chef-d'oeuvre. Et c'est sur ce mot que je veux la quitter. (je ne vais pas avoir l'air con si elle est sauvée in extremis !)