8th Wonderland

Publié le 04 mai 2010 par Mg

Il est de ces films qui tentent d’utiliser l’actualité brûlante pour en sortir une fiction assez critique et intelligente. 8th Wonderland s’essaie donc à l’autocritique sociale sur les méfaits d’Internet et de la conscience collective qui pourrait (pourra?) s’en dégager. Où comment le premier pays virtuel nous dévorera tous.

Voici donc venu le premier pays communautaire, totalement démocratique : un pays virtuel, créé en ligne et dont les membres votent chaque semaine des décisions où seule la majorité absolue l’emporte. L’intérêt réside donc dans les nombreuses discussions, interactions de ses membres durant chaque connexion. Si le sujet peut être empreint de nombreuses problématiques, le duo de réalisateurs (Nicolas Alberny – Jean Mach) ont décidés de le réduire à une forme assez barbares. Quelques fenêtres dans un grand vide symbolisent la dizaine de « citoyens » dont nous faisons connaissances, assez vite réduits à des caractéristiques réduites (la japonaise avec citations, l’anglais borné, le français lover..) mais qui au final entretiennent un coin de discussion assez vif. De l’autre côté, on ne fait qu’explorer les répercussions de leurs décisions, et le pouvoir grandissant de leur virtualité sur le monde.

Et sans être foncièrement distrayant, 8th Wonderland bonne de vastes questions. De l’impact du monde virtuel sur le réel, aux pouvoirs grandissant des groupes de discussions, des communautés (Facebook en tête..) sur l’actualité, le discours est moderne mais vite réduit à la portion d’individus qui nous concernent. Alors évidemment il est encore difficile de pouvoir en 1h30 résumer les tenants et les aboutissants de tout ce qui pourrait impliquer ce sujet, mais 8th Wonderland ne fait qu’ouvrir la porte sans pour autant vouloir être exhaustif. Simple démonstration, le film se borne à un petit exercice de style, évitant le gouffre de trop en faire. Si au fond c’est éviter les risques d’une réflexion philosophique trop avancée, sur la forme tout s’écroule. Filmant sur fond vert une bonne cinquantaine d’acteurs et actrices jouant les multiples rôles secondaires nécessaires, de manière internationale, le film dépasse ici ses ambitions et tombe dans le piège des effets spéciaux cheap’ qui décrédibilisent l’ensemble. C’est là le défaut de nombreux films (français également), trop vouloir en faire sans arriver à une solution permettant d’illustrer de manière probante un scénario soulevant de bonnes questions. Souvent on a la forme sans le fond. Ici l’inverse.

Finalement on en ressort avec beaucoup de curiosité réveillée, se demandant si le bel outil de communautarisation que nous avons entre les mains peut effectivement présenter autant d’enjeux à titre individuel, et si ça n’était là que le début de la réflexion.. Dommage que la forme ne soit pas optimale, on peut avoir l’impression d’un docu-fiction (volontaire?) mal dégrossi. A noter pour les plus fans, des références à Die Hard (évidente) et Aliens (moins).