Son fils Menahem est à l’âge où l’on voit le monde autour de soi comme un endroit merveilleux.
Il n’oppose aucune résistance, mais suit sans conviction son père qui le guide sur le chemin étroit et rigide qu’empruntent les hommes de foi.
Mais pendant leurs vacances d’été au bord de la mer Morte, la foi d’Abraham sera mise à l’épreuve.
Le centre du film est la scène où l’on voit un nid avec des oisillons et leur maman, sur une fenêtre de la yeshiva, l’école religieuse. Le rabbin, Abraham, pousse la mère à s’envoler, laissant les oisillons sans personne pour les nourrir, ni les protéger.
La réponse est simple, c’est "la mitsva du renvoi du nid", le père n’a rien fait d’autre que d’appliquer la loi divine. Le destin des oisillons doit être laissé entre les mains de D.ieu.
Menachem, porté par sa sensibilité naturelle et encore détaché de tout précepte extérieur, ne comprend pas.
Cette scène, infiniment cruelle, cristallise le propos du film, celui de l’humanisme face aux dogmes religieux.
David Volach dresse une critique de la religion et de l’obéissance aveugle qu’elle demande.
Le réalisateur du film dira dans une interview "On dit souvent que les idées religieuses sont sublimes mais qu’elles sont détruites par l’homme. Moi, j’ai tendance à croire que l’homme est sublime, alors que ses idées le sont un peu moins".
La première partie du film se déroule dans une lumière veloutée, intime et chaude, et montre, scène après scène, la petite vie familiale de Rabbi Abraham, de son épouse Esther et de leur fils de six ans, Menachem.
Ces scènes, dans lesquelles rien de significatif ne semble se passer, sont l’occasion de dresser de véritables portraits filmés des personnages et de leurs relations.
Et pourtant, il y a cette distance entre le père et le fils.
L’existence d’Abraham tourne autour de l’étude des textes sacrés.
Mais la loi de D.ieu étant aussi celle du père, une image représentant des hommes de tribus africaines devient un objet d’idolâtrie qui doit être déchiré, et les animaux ne méritent pas qu’on s’intéresse à eux. D’ailleurs, ils n’ont pas d’âme.
Ce monde clos et renfermé, David Volach le connaît bien pour y avoir vécu jusqu’à l’âge de vingt-deux ans.
Il a grandi dans une famille de 19 enfants, dans un quartier ultra-orthodoxe de Jérusalem avant de décider de s’en extraire et de partir à Tel-Aviv pour étudier le cinéma.
Dans la deuxième partie du film, la famille de Rabbi Abraham décide de partir en vacances au bord de la Mer Morte.
Menachem est arraché à sa mère qui doit aller se baigner séparément, avec les autres femmes.
Ce jour-là, une fois de plus, le père est pris dans ses prières, oubliant de prêter la moindre attention à son fils.
David Volach regrette que "Dans cette religion, la sensibilité à la douleur de l’autre est inférieure à la loi de D.ieu".
Et pourtant, le réalisateur a fait le choix de ne pas diaboliser ce père.
Ce père est aussi un homme qui doit se faire violence pour appliquer la loi divine et ne pas céder à ses propres sentiments.
On le voit dans la scène qui ouvre et qui clôt le film, les larmes de ce père face au pupitre vide.
David Volach ne verse jamais dans un discours manichéen.
Il évoque les limites de la foi et la place qu’elle oublie d’accorder à l’Homme.
Et le cri final, l’acte de rébellion, c’est à la femme, autre déshéritée de la religion, que David Volach le laisse.
Un film beau et émouvant.
La bande-annonce : http://www.youtube.com/watch?v=rPyz9fNEn7g&feature;=player_embedded