Le Pen, Le Dernier Combat: Itw de Thomas Raguet, Réalisateur.

Publié le 05 mai 2010 par Misterclem

Il y a quelques jours je vous présentais un documentaire diffusé sur Public Sénat. Le Pen, Le Dernier Combat, réalisé par Thomas Raguet, journaliste. Thomas a accepté pour vous de répondre à quelques questions. Il nous parle du tournage, de la préparation et des coulisses de ce tournage.

Bonjour Thomas Raguet, vous avez réalisé pour Public Sénat un documentaire sur la dernière campagne de Jean-Marie Le Pen. Pourriez-vous en quelques mots nous raconter comment s’est monté ce projet?

L’idée est venue de Gilles Leclerc qui a senti que JMLP menait sans doute là son dernier combat. Une demande écrite lui a donc été faite afin de savoir si nous pouvions le suivre pendant plusieurs semaines dans les coulisses de sa campagne.

Est-ce que les équipes vous ont bien accueillis et avez-vous été relativement libre de vos mouvements lors de ce tournage? On imagine que vous du être un peu « cadré » par les conseillés en communication, non?

L’accueil a été très bon, notamment de la part de son premier cercle. C’est un parti qui a besoin des médias et qui ouvre facilement ses portes, bien qu’on puisse penser le contraire. C’est en tout cas vrai au niveau des cadres du parti. J’ai été dans l’ensemble plutôt libre de mes mouvements, j’ai finit par faire parti du décor ce qui a pu me permettre de filmer certaines scènes où ma présence était presque oublié. Ceci étant dit, Alain Vizier, le directeur de la communication du FN sait exactement ce qu’il souhaite laisser voir ou pas. On le voit d’ailleurs intervenir à quelques reprises dans le film pour mettre un terme à une conversation qui ne doit pas être entendue.

Une des grandes qualité de votre film est que la caméra est comme un personnage en plus. Le fait de ne pas avoir d’interview et de voix off nous montre bien que c’est un oeil témoin de ces deux derniers mois de campagne. Aviez-vous tout écris à l’avance ou vous êtes-vous laissé porter par les événements?

La note d’intention préalable au tournage indiquait déjà le parti pris du sans commentaire. Une manière de laisser les séquences s’installer dans la durée et de permettre au téléspectateur de les vivre pleinement. Par ailleurs, le choix des mots est délicat quand on parle du Front national, un commentaire, tout objectif qu’il soit, est souvent interprété et devient une cible aussi bien pour les adversaires du FN que pour ses partisans. J’ai donc fait en sorte d’être plus observateur que commentateur. Le film suit une construction chronologique, rien n’a été écrit à l’avance, j’ai simplement suivi une succession d’événements durant la campagne puis nous avons effectuer un choix parmi toutes ces séquences.

Sans révéler quoi que soit y a t’il eu des moments de « off »?

Il y en a eu mais ils ne constituent pas vraiment à mon sens une information.

Ce que j’ai apprécié le plus dans ce film c’est le montage très simple (à ne pas prendre pour du basique) qui permet en tant que téléspectateur d’être témoin de deux mois de la vie du président de ce parti. Est-ce un parti prit?

Le sans commentaire impose une très grande réflexion au moment du montage car il faut dire en images ce que l’on pourrait dire en quelques secondes avec des mots. Je dois dire que sans le travail exceptionnel de Nicolas Planche qui a monté de film, le résultat n’aurait pas été le même.

Votre Documentaire montre clairement une chose. Il parait évident que Marine Le Pen devrait devenir la prochaine présidente du Front National. Cette info très peu reprise depuis la diffusion a t’elle d’après-vous été lachée volontairement ou pas?

Disons que l’on sent tout au long du film la proximité entre le père et sa fille et la préférence du premier cercle du chef pour Marine. Le message officiel a beau être « la succession est ouverte », la vérité est qu’elle réglée depuis longtemps à mon sens. Je vous invite d’ailleurs à regarder le débat animé par Elise Lucet qui a suivi la diffusion du film au cours duquel les intervenants analysent très bien le dénouement probable de cette succession.

Enfin dernière question. Suivre un tel personnage n’est pas forcément la même chose que suivre un autre homme politique. On imagine beaucoup de chose que je n’écrirait pas sur le blog. Qu’auriez-vous envie d’ajouter sur ce tournage?

L’homme est une bête politique, mais il se laisse au final plus approcher que d’autres. J’ai le sentiment que ce film reflète bien ce que j’ai vu et vécu pendant deux mois et qu’il le présente tel qu’il est.