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Publié le 01 novembre 2006 par Raymond Viger

Contrairement à ce qu’on nous présente souvent dans les médias, le Jihad (la guerre sainte islamique) n’est pas apparu quelque part dans les années 90 sous la forme de terrorisme anti-occidental orchestré par Ben Laden. En fait, il est impossible d’avoir une idée claire du bordel actuel au Moyen-Orient sans remonter à la guerre entre l’URSS et l’Afghanistan, de 1979 à 1989. C’est effectivement en 1979 que les Russes entrent en Aghanistan pour protéger le gouvernement «pro-communiste» de Kaboul et que plusieurs pays, les USA en tête, voient enfin l’occasion de s’en prendre à la domination soviétique en se servant des Afghans. Bref, les stratèges américains veulent faire vivre à l’URSS une répétition de ce qu’eux mêmes ont vécu au Viet Nam: une guerre longue, coûteuse et démoralisante pour tout l’empire. Or, qui se trouvait à la présidence des U.S.A. en cette année fatidique de 1979? On vous le donne en mille, Jimmy Carter en personne.

Livraison clandestine d’armes

Sous les bons conseils de son conseiller en sécurité, Zbigniew Brezinski, fervent opposant au communisme, M. Carter signe les premières directives accordant de l’aide aux moujahidin, les combattants islamistes radicaux. Trois semaines plus tard, le 14 janvier 1980, les premières livraisons clandestines d’armes aux rebelles islamistes afghans sont officiellement autorisées par Carter. On dit officiellement, parce que Brezinski lui-même avoue qu’elles auraient plutôt commencé en juillet 1979, dans le but avoué de précipiter le déclenchement de la guerre.

Américains complices?

Dès lors, la table était mise pour le Jihad et les années à venir: des milliers d’armes (soviétiques), en provenance d’Israël et d’Égypte, allaient se rendre en Afghanistan par le biais des services secrets pakistanais. Plus important encore, des dizaines de milliers de combattants afghans et des mercenaires de tous les pays arabes allaient être entraînés au terrorisme, au sabotage, au complot, au trafic de drogue, à la guérilla et au contre-espionnage par la CIA et les services secrets pakistanais. Au retrait des Soviétiques en 1989, tous ces combattants, dont les futurs ta-libans, allaient continuer les massacres généralisés, les actes de terrorisme et la répression systématique des femmes, entre autres choses.

On se rappelle que Jimmy Carter a réussi à faire signer des accords de paix en 1978 entre l’Égypte et Israël. Encore là, le «grand artisan de la paix» qu’est Jimmy Carter avait bien des arrière-pensées. En effet, dès 1979, l’Égypte, Israël et les États-Unis allaient devenir parmi les plus chauds partisans du Jihad, unis par une même haine viscérale des communistes. Sadate, le président égyptien de l’époque, réarma son pays par l’achat d’une énorme quantité de matériel militaire américain (pour près de 5 milliards de dollars), dont une partie servirait ultimement aux rebelles afghans. Notons que Sadate revendit une partie de ces armes à un certain Saddam Hussein, alors en guerre contre l’Iran, le tout avec la complicité des Américains et des Britanniques.

Crise à Cuba

Jimmy Carter s’est également mérité le prix Nobel de la paix pour s’être rendu à Cuba dans la dernière année. Il s’agissait du premier président américain (en fonction ou non) à se rendre dans l’île depuis l’arrivée de Castro. À la suite de son voyage officiel, Carter a appelé à la levée des sanctions contre l’île, une idée qu’il semble pourtant n’avoir pas eue lors des quatre années où il dirigeait la Maison-Blanche. Bien au contraire, sous sa présidence, à l’été 1979, des obscures rumeurs de «brigades soviétiques» avaient déclenché une nouvelle crise à propos de Cuba qui faillit dégénérer.

En terminant, faut-il s’étonner que des hommes d’État tels que Jimmy Carter et Henry Kissinger qui ont tant fait pour répandre la guerre, la terreur et la mort dans le monde reçoivent le prix Nobel de la paix ? Peut-être pas tant que ça, surtout lorsqu’on se souvient que dans son jeune temps, Alfred Nobel a fait fortune en inventant, produisant et vendant… de la dynamite!