Television is a drug

Publié le 06 mai 2010 par Didier Vincent

Watch me i'm famous.


L'internet lui grignote des parts de marché, avouons-le au préalable, à cette étrange lucarne nombriliste et chronovore. La télévision est un géant aux pieds d'argile (qui a même perdu ses roulettes depuis les écrans plats), un géant polymorphe qui ne cesse d'évoluer et dont les limites deviennent floues.

La télévision d'Etat, telle que Chavez la conçoit (il faut se le fader huit heures d'affilée tous les dimanches, au Vénézuéla) ou bien de Gaulle, avec une seule chaîne monolithique et universelle. C'est le paradigme : un meuble et l'image animée dedans avec les regards rivés quotidiennement, comme sous perfusion neuronale. C'est un bout de réel, plus réel que ce qui nous entoure. Mais la dialectique hegelienne y a opposé une foultitude indéfinie de clones plus ou moins invraisemblables (semblables) et, du monothéisme en noir et blanc, on est passé à un polythéisme polychrome ou le dieu vivant est la famause zapette.

Mine de rien, chemin faisant, l'internet couvait. Cette incommensurable pléthore de chaînes ouvrit la voie à la diffraction des sites innombrables. On dit "l'internet", "la télévision" pour nommer une vaste territoire flou qui devient une référence universelle au réel. Cet immense morcèlement qui éclate, telle une nouvelle galaxie, devient aussi anarchique que ce qu'on appelle "le monde" (pas le journal, l'autre).

L'image a horreur du vide. La multiplication à l'infini de l'image produit du vide, en retour. Un vide mental, un jeunisme tiède, une culturette épidelmique et boulimique qui n'est assoiffée que de ses propres signes. Un télécentrisme.