Les mots de nos maux.

Publié le 08 mai 2010 par Cabinetal

La France et les Français, peuple et dirigeants politiques, souffrent d’une addiction à la dépense publique probablement unique au monde. Lors de toute alerte grave sur la situation de nos finances publiques, sévèrement dégradées par 35 années de déficits ininterrompus, certains mots sont frappés d’interdiction dans le vocabulaire politique sauf à excommunier leurs auteurs.

Le premier mot est rigueur. Il est caricaturé par la classe politique qui, par démagogie, tente pathétiquement de cacher la vérité au pauvre peuple auquel ses propres comptes sont cachés. Pourtant ce mot n’a rien de terrible. Il illustre une utile exactitude, une exigence intellectuelle qui est bien la moindre des choses lorsque l’on est autorisé à consommer le fruit du travail des Français.

Le second mot est discipline. En matière de finances, il s’agirait d’une grossièreté. M’enfin, la discipline n’est-elle pas le premier comportement que nous essayons d’inculquer à nos enfants ? N’est-ce pas ce que nous attendons de toutes les institutions éducatives de notre pays ? Pourquoi ce qui est vertueux comme règle de vie en société serait incorrect en matière de finances publiques ?

Le troisième mot d’actualité utilisé par le gouvernement prêtant, celui-ci, à confusion est : gel, surtout appliqué aux dépenses. Ce mot est en effet mal choisi car il ne restitue pas la vérité. La vérité est qu’il s’agit de stabiliser en valeur, c'est-à-dire maintenir les dépenses au niveau où elles sont. Ce qui ne constitue en rien une baisse mais au contraire un maintien, une sauvegarde, donc un effort au moment où nos déficits nous plombent. Le gel donne le sentiment d’une vitrification de l’action publique. Alors que celle-ci, surtout en période de crise, doit être mobile, souple, réactive. Toutes les réallocations de crédits doivent pouvoir s’opérer dans le respect de l’enveloppe globale.

Voilà pourquoi les déclarations du Premier Ministre affirment un objectif d’intérêt national évident et juste. En utilisant le mot « stabilisation » par préférence à celui de « gel » il se serait épargné bien des critiques et des justifications. Comme quoi la sémantique en politique est essentielle. Et pour trouver des solutions à nos maux, à nous de savoir trouver les mots.