L’Ame (Jules Supervielle)

Par Arbrealettres


Puisqu’elle tient parfois dans le bruit de la mer
Ou passe librement par le trou d’une aiguille
Aussi bien qu’elle couvre une haute montagne
Avec son tissu clair,

Puisqu’elle chante ainsi que le garçon, la fille,
Et qu’elle brille au loin aussi bien que tout près,
Tantôt bougie ou bien étoile qui grésille
Toujours sans faire exprès,

Puisqu’elle va de vous à moi, sans être vue,
En fait en l’air son nid comme sur une plante,
Cherchons-la, sans bouger, dans cette nuit tremblante
Puisque le moindre bruit, tant qu’il dure, la tue.

(Jules Supervielle)