Vive l'étalon or!

Publié le 27 novembre 2007 par Eric Grémont

28/11/2007

Vive l'étalon or!

Edito de l'OpesC du 28/11/2007

La chronique monétaire de ces dernières semaines suggère que le règne du dollar, "as good as gold", est proche de la fin. Le simple fait qu'un candidat à la présidence américaine mentionne la liquidation de la FED et le retour au bimétallisme souligne l'actualité d'un vieux débat. Le dollar s'est imposé aux marchés des changes internationaux et a survécu à l'abandon de la référence à l'or parce qu'il était parvenu à devenir "l'or" lui-même, en étant la seule devise universellement acceptée pour paiement. Une question de foi en somme. Une foi qui avait pour elle l'immense avantage de reposer sur quelques miracles bien tangibles lorsque le PIB américain représentait 30% de celui du monde.
Aujourd'hui, le spectre de l'inflation ressurgit et fragilise le dollar en tant que monnaie de référence; conséquence logique, l'or monte.
On a longtemps accusé l'Etat émetteur d'être responsable de l'inflation. Il faut se rendre à l'évidence aujourd'hui, alors que d'autres acteurs tiennent les leviers de l'émission (les banques) et que la BCE et la FED sont officiellement indépendantes, l'inflation est de retour, en force. C'est donc la logique d'émission qui doit être interrogée, non l'ordonnateur de celle-ci qu'il soit vertueux ou non.
Dans l'absolu, il n'y a pourtant pas de raison de préférer l'expansion à la rétractation voire à la stabilité en matière monétaire. Les investissements nécessaires pour garantir notre bien-être à venir peuvent très bien être ajustés aux différentes situations monétaires et donner de bons résultats dans des configurations très dissemblables. Les exemples abondent de boom de la production et de la croissance réelle dans des circonstances monétaires diamétralement opposées. Il n'y a pas de raison logique de juger une situation a priori sans se donner la peine d'entrer dans les détails.
Si nous aimons l'or aujourd'hui, c'est parce que les postulats que suppose son emploi s'accordent assez bien à l'état social et politique actuel des pays occidentaux. Dans la mesure où la solution autrefois fructueuse qui laissait la supervision de l'investissement à des appareils d'Etat via le contrôle de l'émission monétaire a été repoussée, alors, il est logique et nous oserions dire souhaitable que l'on aille vers un système de marché autorégulateur le plus neutre possible.
Or, l'or présente une qualité essentielle, eu égard aux exigences que peut avoir un système autorégulateur, le stock est connu et son approvisionnement est indépendant de la volonté des acteurs. Autrement dit, sur un plan symbolique, l'émission d'or est tout simplement hors d'atteinte des manipulations les plus grossières auxquelles nous assistons.
Cette seule qualité, assez commune au demeurant, jointe … l'affection universelle qui l'entoure encore suffit pour se demander si, dans un monde "libéral", il n'est pas temps de libéraliser vraiment la monnaie et par là-même de fermer enfin les banques centrales et de liquider les monnaies en se contentant d'une référence platonique à l'or.
La "libéralisation", pour des raisons complètement incompréhensibles sur le plan logique, s'est arrêtée au milieu du gué. Il ne suffisait pas de découpler l'émission de l'appareil d'Etat, il fallait la supprimer. Dans un monde libéral, l'épargnant devrait en dernier ressort être la seule ressource du secteur bancaire. Les taux d'intérêts redeviendraient ainsi exclusivement dictés par l'abondance d'épargne disponible, autrement dit ils devraient être himalayens aux Etats-Unis.

Qu'on nous rende enfin le franc or !!

Auteurs: Eric Grémont