Strasbourg: une charte europeenne sur la diversite culturelle

Publié le 04 décembre 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

« Identités culturelles, valeurs partagées et citoyenneté européenne ». Sous ce titre, deux années de travail en exécuruin d'une des résolutions du 3e Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement (Varsovie, 2005), ont été examinés à Strasbourg lors d'un forum d'experts intitulé « Pour une Europe des valeurs culturelles », Ce travail a débouché sur  :

· un projet de manifeste européen pour « Une appartenance culturelle multiple », qui souligne l'importance des droits de l'homme et de la promotion de la démocratie dans la lutte contre l'extrémisme, le totalitarisme et la progression de l'obscurantisme, de l'ostracisme et de la xénophobie ;

· un projet de guide sur les valeurs pour la vie en démocratie, destiné aux formateurs, animateurs culturels, travailleurs dans le domaine de la jeunesse, etc.

RELATIO PUBLIE ICI EN DOCUMENT CE PROJET QUI DOIT AVOIR DES RETOMBREES POLITIQUES ET PRATIQUES DANS BIEB DES DOMAINES. CE TEXTE EST ACCESSIBLE EN VERSION pdf >>>>>>>>>>>>>>>>>

 Une "multiple

appartenance

culturelle"

Considérant dans une période de tensions et de mutations qu’il est plus que jamaisnécessaire de poursuivre et d’amplifier l’effort pour la réalisation d’une véritable citoyenneté démocratique, les signataires de ce Manifeste affirment :

1. Il n’est pas de projet européen ambitieux de société sans le partage mutuellement consenti, individuellement et collectivement, des valeurs des droits de l’homme, de l’état de droit et de l’idéal démocratique, telles que promues par le Conseil de l’Europe et d’autres institutions.

2. La mise en oeuvre de ces valeurs implique la pleine et entière reconnaissance du rôle des personnes dans le fonctionnement de la démocratie. Cela va de pair avec la possibilité d’accès de chacun à une forme de culture favorisant l’exercice effectif de ses droits et de ses libertés fondamentales ainsi que la prise de conscience de ses responsabilités en tant que citoyen.

3. L’idéal pacifique et démocratique autant que l’épanouissement des individus supposent pour chacun le développement d’une culture générale ouverte suscitant l’éveil et le partage et constituant une base commune

Le Conseil de l’Europe et d’autres Organisations internationales n’ont pas cessé depuis la fin de la seconde guerre mondiale d’oeuvrerpour le développement des droits de l’homme et de la démocratie.

La vigilance s’impose face aux tentations extrémistes et totalitaires et aux dangers que représentent les montées de l’obscurantisme, de l’ostracisme et de la xénophobie, fruits de l’ignorance, de la négation des diversités et du rejet des autres. de valeurs et de savoirs. Une telle culture ne saurait se confondre avec un quelconque dogme, elle n’est pas synonyme de mode, elle ne peut être dictée par un Etat, une entreprise privée, un groupe ou une institution.

Elle est pour chacun plurielle et diversifiée, tout autant penser et savoir, agir et faire. Elle peut traduire la multiple appartenance culturelle de chaque personne si tel est son choix.

4. Le libre choix de l’adhésion à tel ou tel système de référence culturel est un des éléments constitutifs des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Tout individu peut, simultanément ou à diverses périodes de son existence, faire siennes les appartenances culturelles auxquelles il entend adhérer. Nul ne devrait être enfermé contre son gré dans un groupe, une communauté, un système de pensée ou une représentation du monde. Toute personne devrait être libre de renoncer à tel ou tel choix passé et libre de ses choix futurs, dès lors que ceux-ci sont en conformité avec les valeurs universelles telles que promues par le Conseil de l’Europe.

5. L’ouverture et le partage réciproque sont une des composantes de la multiple appartenance culturelle. L’une et l’autre constituent les règles du vivre ensemble entre les individus et les groupes, libres de pratiquer les cultures de leur choix dans la seule limite du respect des autres.

6. Seule une relation raisonnée des Etats et des peuples avec leur histoire commune et leur aptitude à transcender les conflits du passé permet le vivre ensemble ; elle offre la chance d’une réconciliation entre les ennemis d’hier et le plus sûr moyen de prévenir de nouveaux conflits entre leurs descendances.

7. La volonté des habitants de l’Europe de partager un avenir commun n’est pas compatible avec une amnésie collective synonyme d’ignorance historique ou de négation des crimes commis dans le passé. Connaître sa propre histoire passe par la rencontre de l’histoire de l’Autre et l’inclusion de cette histoire dans la sienne propre, sans esprit de vengeance, sans culpabilité stérile ni repentance excessive.

8. La culture européenne, née de l’échange, ne peut être fermée aux autres cultures et aux peuples du monde. Si elle s’enferme dans une citadelle, l’Europe risque de perdre son âme.

9. Produit de migrations constantes volontaires ou forcées dans l’histoire, que ce soit au sein de l’Europe ou entre l’Europe et le reste du monde, la multiple appartenance culturelle implique la reconnaissance mutuelle et favorise la reconstruction du lien social pour autant que des conditions de vie décentes, propices à l’accès à la culture et à ses pratiques, soient réunies.

10. Pour avoir défendu et développé l’idéal des droits de l’homme, les Etats européens se doivent de considérer les diversités comme un atout.

L’individualité faisant que chaque personne est unique par l’origine sociale et ethnique, l’âge et la situation maritale ou parentale, les convictions politiques, philosophiques ou religieuses, le sexe et l’orientation sexuelle, ou du fait d’un handicap ou de toute autre caractéristique doit être respectée, et aucune forme de discrimination ne saurait être de ce point de vue tolérée ou justifiée.

Si la réalité de la multiple appartenance culturelle de l’Europe est incontestable, il importe désormais que les pouvoirs publics et la société civile contribuent à sa reconnaissance et à sa promotion comme facteur de développement de la citoyenneté démocratique. Il leur appartient en ce sens de prendre les initiatives appropriées afin:

>>>> de faciliter, en conformité avec les droits de l’homme et les libertés fondamentales, l’exercice du droit de chacun de participer à la vie culturelle en fonction de son histoire et de ses modes de vie, dans le respect des choix et des droits des autres ;

>>>>> de développer des politiques culturelles soutenant les diversités et tirant parti des acquis de la recherche en impliquant à la fois les secteurs public et privé et la société civile puisque les forces du marché ne peuvent à elles seules répondre à tous les besoins de la diversité culturelle ;

>>>>de procurer à chacun, à travers l’enseignement de base et l’éducation permanente, des chances d’accès à une forme de culture ouverte lui permettant aussi bien d’assurer ses responsabilités de citoyen dans une société démocratique que de parvenir à l’insertion professionnelle et à l’épanouissement personnel ;

>>>> d’orienter le système éducatif sur cette voie en encourageant la multiperspectivité de l’enseignement de l’histoire et de la géographie ainsi que l’instruction civique ; en dispensant une information suffisante sur les faits religieux dans une approche pluraliste de l’histoire et de la réalité contemporaine des différentes religions ; en favorisant des politiques éducatives tendant à former des citoyens plurilingues et interculturels dans le respect des langues des autres et de la diversité linguistique ;

>>>> de susciter, à l’échelle des villes et des territoires, des initiatives interculturelles propices au dialogue des populations de différentes origines, permettant une créativité partagée et favorisant l’enrichissement des personnes ;

>>>>> de développer une pédagogie et des méthodes d’interprétation du patrimoine mettant en évidence les échanges passés et les interpénétrations d’influences qui éclairent la réalité multiculturelle de l’Europe et les relations de l’Europe avec d’autres régions du monde ;

>>>>> d’exploiter l’extraordinaire potentiel des technologies de l’information et de la communication pour renforcer l’échange pluriculturel et accroître le partage des savoirs en privilégiant la qualité des contenus face aux risques d’abus commerciaux, technologiques et d’autres natures.

>>>>> Il convient en conclusion de rappeler avec force, chaque fois que nécessaire, que les doctrines prônant la haine, le crime et le mensonge, le repli communautaire et le refus de l’Autre sont contraires au projet européen de société pacifique et démocratique.