Voyage de 3 minutes à travers l'Inde

Publié le 16 mai 2010 par Didier Vincent

Diapodrama


Le côté ombreux des diaporamas de vacances : ce qui vous paraissait démeusurémént pittoresque, nimbé de l'aura bleue de la découverte apparaît vite ennuyeux et pesant au regard de l'autre qui, faisant semblant de vous écouter vous réémouvoir, ne cesse de bailler d'un profond ennui. Comme tout voyage est une alchimie (ou un pîétinement) intérieur, le regard de l'autre sur les scories de la chose est d'une sympathique bienveillance désabusée. Bref, en ces moments là, on ne partage qu'un verre...Quand aux images, elles se taisent d'elles-mêmes.

Par la photo, ce qu'on veut faire partager reste à jamais impartageable, muet, votre bavardage ne faisant qu'agacer les choses. C'est un babil. Comme un enfant qui fait des bulles. On va admirer la qualté technique de certains clichés, le cadrage inédit, votre éternelle habileté à montrer vos prouesses photographiques ; on va écouter vos anecdotes de colonialiste dilettante en pensant à autre chose ; on va... Et vous, vous n'y êtes plus. C'est déjà mort. Vous n'avez qu'une hâte, c'est de prendre d'autre photos, d'autres lieux afin de mieux ennuyer le monde en croyant le distraire. Eh oui ! Tout voyage  n'est souvent qu'un ressassement intérieur sur un chemin obscur, aussi obscur que vos photos sont chatoyantes.

Une des façons de regarder cette vidéo et de faire une pause, de temps à autre. De prendre une photo, en somme, un pigment qui, détaché du reste, va persister quelque peu au-delà du défilement insensé de ce speed diaporama.

La mémoire fonctionne à la manière des microscopes : elle retient le grain d'un détail, ce que vous n'aviez pas vu sur le coup et ce simple pigment mnésique va colorer le reste du parcours. Et ça, désolé, à part grâce à l'art de quelques écrivains (ou photographes) voyageurs, c'est impartageable.