"Biutiful", de Alejandro González Iñárritu

Par Cannes En Live !

crédit photo : allociné

Notre avis 







Synopsis

L’histoire d’Uxbal. Père dévoué. Amant tourmenté. Fils désemparé. Intermédiaire de l’ombre. Proche des disparus. Attiré par les fantômes. Sensible aux esprits. Survivant au cœur d’une Barcelone invisible. Sentant que la mort rôde, il tente de trouver la paix, de protéger ses enfants, de se sauver lui-même. L’histoire d’Uxbal est simple et complexe, à l’image de nos vies d’aujourd’hui.


La critique de Cathy

 

Il y a dans la vie des événements qui bouleversent radicalement votre vision de l’avenir. Un enfant, un mariage, des rencontres, un voyage, la maladie… la mort. Après Babel, Iñárritu renoue avec le thème obsessionnel de la mort.
Le film est majestueux de sensibilité et d’émotion, sans pour autant verser dans le mélodrame niais et larmoyant que le sujet pourrait susciter. Bien au contraire, il nous emmène sur les sentiers d’une reconversion humaniste où seul le devenir de l’autre a sa place.
Ne reculant devant aucune violence physique ou morale, le réalisateur Iñárritu plonge le spectateur dans l’univers méprisable de l’exploitation des travailleurs clandestins, où l’humain est partie négligeable et l’argent règne en maître. Loin d’être le thème central, le sujet est abordé avec pudeur, sans démonstration, pour céder lentement la place à la maladie qui ronge inexorablement Uxbal, joué par Javier Bardem. Son interprétation magistrale tient le spectateur dans un état de tension allant crescendo tout le long des 2h20 que durent la projection. Si longueurs il y a, elles ne sont là que pour magnifier le désarroi qui s’installe entre les différents protagonistes : un père condamné, une femme dépressive et bipolaire, des enfants encore trop jeunes pour être orphelins. Les plans se succèdent pour nous faire vivre simplement le quotidien de leur vie et Iñárritu nous conduit d’une main de maître au bord d’un précipice émotionnel. Le film trouve sa force dans la sobriété de la narration, qui gagne en intensité dans la dernière heure.
Vous l’aurez compris, j’ai été captivée par la projection, qui m’a laissée sans voix à la sortie pendant de longues minutes. Vous sortirez ébranlé !

La critique de Jérôme 

C’est si compliqué de faire simple. Comment en 2h20 arriver à sonder l’âme humaine avec autant de talent ? Le réalisateur mexicain nous offre un film au récit plus linéaire que ses précédentes œuvres (le scénario de Biutiful n’est pas signé par Edouardo Norriega). Il colle à son personnage principal (époustouflant Javier Bardem !). Un film long, certes, mais à différents niveaux de lecture. Comme pour les 3 précédents, il est difficile de résumer l’histoire, et le film doit se voir et surtout se vivre. On peut ne pas adhérer au style mais j’ai pour ma part eu moi aussi beaucoup de mal à retrouver mes esprits à la fin de la projection. Un grand moment d’émotion devant le spectacle de cet homme ordinaire en proie à ses souffrances, à son déclin mais qui peine aussi à agir en fonction de ce qui lui parait juste. La vie, l’amour, la mort. Un très beau film.