Carrières des Baux (Jean Joubert)

Par Arbrealettres


Cette fêlure, cette
fissure dans la pâleur
du roc, est, nous dit-on,
l’entrée du labyrinthe,

non pas porte velue,
gouffre denté qui broie
les corps aventureux

mais corridor
taillé par le couteau
géant des ruches ouvrières:

piliers de rêve
sans raison
et presque titubants,

si bien que la blancheur
y joue avec le gris,
le noir déjà qui nous aspire.

Un fil de feu nous guide,
un souffle pur
dont le parfum dissout

la crainte de la Bête.
Non pas ici la mort
mais le tissu de la lumière.

Et nous allons
portés par le silence
dans l’oubli.

Qui règne au centre?
Quelle ombre qui nous tend
des bras,
des lèvres invisibles?

(Jean Joubert)