Christian Estrosi ministre mais SDF de luxe à Paris : 2 appartements de fonction !

Publié le 20 mai 2010 par Kamizole

Excusez du peu ! Mais quand on est une huile de l’UM/Posture, l’on ne se refuse rien. Christian Estrosi a dû très certainement demander conseil à son ex-collègue du gouvernement Martin Hirsch – une erreur de casting de l’Abbé Pierre ! – pour savoir comment mettre en œuvre le “droit opposable au logement” quand on est riche. Pour les pauvres, rassurez-vous : il est totalement inapplicable ! Il ne fallait pas être grand clerc pour s’en douter dès le départ – encore des effets d’annonce – ce que confirme tout ce que je lis sur le sujet.

Or donc, Christian Estrosi qui a été nommé en février 2009 ministre de l’Industrie, tout en restant maire de Nice – bonjour les cumuls ! – où il réside habituellement, ne possède pas de pied-à-terre parisien. Il a donc droit, tout à fait logiquement, à un logement de fonction. Or, à l’époque, il n’en est pas de libre à l’Hôtel des ministres de Bercy. J’avoue que je ne savais point qu’il y eût un «Hôtel des ministres». Il sera donc logé dans un appartement d’un hôtel particulier – de Seignelay - appartenant au ministère des Finances, situé dans le très sélect 7e arrondissement, rue de Lille, non moins fort bourge.

Il se trouve toutefois à l’étroit dans cet appartement – tout de même 70 m² - et demande à être logé à Bercy. Ce qui fut fait. Mais l’appartement étant encore plus petit, il demande néanmoins à conserver celui de la rue de Lille où il vivrait avec une de ses filles, étudiante à Paris. Arguant que depuis la circulaire Raffarin de 2005 – prise en catastrophe après le scandale suscité par le duplex d’Hervé Gaymard : pour mémoire, 600 m² payé 14.400 euros par mois par l’Etat alors qu’il disposait d’un appartement à Paris mais qu’il louait à un tiers ! les ministres qui ne disposent pas d’un logement parisien ont droit à un logement de fonction de 80 m² plus 20 m² par enfant.

Comme à chaque fois, c’est le Canard Enchaîné qui vient de lever ce lièvre dans son numéro du 19 mai 2010. L’info ayant été reprise par tous les titres, quotidiens comme hebdomadaires de France et de Navarre. Hier, Christian Estrosi, voulant éviter que ce nouveau scandale immobilier visant des ministres ou des hauts fonctionnaires ne prit trop de proportions a donc fait visiter ces deux logements aux journalistes. Il était présent à l’hôtel de Seignelay et pour Bercy, comme il devait participer au Conseil des ministres, c’est Dominique Lamiot, secrétaire général du ministère de l’Economie et des Finances qui leur a fait les honneurs du tour du propriétaire.

Pourquoi Christian Estrosi a-t-il commencé par mentir ? En prétendant que l’appartement de la rue de Lille était une «soupente» - pourquoi pas un “galetas” ? – et que celui de Bercy, un simple «bureau avec un lit» de 30 m². Or, un communiqué de Bercy a précisé exactement ce qu’il en était : Christian Estrosi occupe un appartement «de famille» de 70 m² dans l’hôtel de Seignelay et il dispose d’un duplex de 55 m² à Bercy.

Sans doute Christian Estrozi est-il mieux logé à Nice. Il est néanmoins honteux de se dire à l’étroit dans 70 m² quand on y vit uniquement avec une de ses filles et d’invoquer «une soupente» pour s’en plaindre. Je vis aussi dans un petit appartement de taille bien plus modeste – environ 45 m², une chambre au lieu de deux - sous les toits et s’il est vrai que les murs en soupente supposent des contraintes pour l’emplacement des meubles les plus hauts, cela a aussi son charme, notamment avec les poutres apparentes.

Christian Estrosi devrait avoir quelque pudeur. Nous savons qu’il existe un grand nombre de familles très mal logées qui s’entassent, parfois avec deux ou trois enfants dans des chambres de 10 m² totalement insalubres qu’elles payent le plus souvent 300 voire 500 euros. Quant aux soupentes, j’ai des amies qui ont vécu plusieurs mois en Haute-Savoie dans un grenier non isolé, en hiver qui plus est ! avant de trouver un vrai logement. Dire qu’elles y ont grelotté relève de l’euphémisme. Là, on pouvait parler effectivement parler de “galetas” tels que décrits dans des romans de Balzac ou Eugène Sue.

Le logement mis a sa disposition à Bercy est loin d’être «un bureau avec un lit»… C’est un duplex. Au premier niveau, un vaste séjour avec une cuisine séparée. Au second, une chambre aussi grande avec une salle de bains.

Il semble formidablement curieux que Christian Estrosi puisse bénéficier de deux logements de fonction, n’en déplaise à Eric Woerth qui a longtemps été à Bercy comme ministre du Budget et prend la défense d’Estrosi à contre-courant : «C’est normal d’avoir un logement de fonction»… Je suis tout à fait d’accord… mais deux ?

Comme argument imparable, Christian Estrozy avance que cet appartement ne coûte absolument rien à l’Etat et qu’il règle scrupuleusement la taxe d’habitation. Encore heureux ! Je m’inscris totalement en faux contre ce raisonnement : l’entretien d’un parc immobilier représente un coût non négligeable. Pendant toute une période l’UMP prétendit que les ministères devraient régler un loyer pour les locaux qu’ils occupent. Ce qui peut sembler très logique du point de vue de la comptabilité analytique en permettant précisément d’une part de mesurer le coût réel de fonctionnement des services de l’Etat et de constituer une provision pour l’entretien des locaux.

D’autre part, comme tout salarié logé par leur employeur, les fonctionnaires de tout grade qui occupent un logement de fonction en raison de leur emploi payent un loyer ou sinon sont imposés sur le revenu au titre des “avantages en nature” selon un barème forfaitaire. Je ne vois pas pourquoi les ministres – qui perçoivent au minimum 10.000 euros par mois – seraient logés gratuitement.

Enfin, je lis sur Le Point que “cette polémique intervient alors que plusieurs gouvernements européens, notamment en Espagne et au Royaume-Uni après les élections, ont décidé de baisser symboliquement les salaires des ministres, après l’annonce de mesures d’austérité”. Aucun risque que cela se produise en France ! Demandes plutôt à Frédéric Lefebvre : pas question de toucher au bouclier fiscal… alors, vous pensez bien, le salaire des ministres ! C’est sacré, gravé dans le marbre : les pauvres peuvent payer !