Les politiques ne font que leur travail

Publié le 20 mai 2010 par Leblogdudd

Et si l’échec de Copenhague n’était pas la faute des politiques, mais de la nôtre ? Une telle hypothèse peut faire sourire : c’est eux qui y étaient, pas nous. Sauf qu’en réfléchissant un peu, on se rend compte qu’elle n’a rien d’imbécile.

En effet,  il suffit de prendre l’homme politique au pouvoir comme sujet d’étude. Un raisonnement simple et désabusé nous renseigne sur son véritable fonctionnement : il prend une décision à condition que celle-ci rapporte des voix aux élections. Certes,  il existe dans une certaine mesure du courage politique, mais considérons cela comme un acte exceptionnel, comme une « exception qui confirme la règle ».

Vu sous cet angle là, l’échec de Copenhague est révélateur d’une information inquiétante : d’un point de vue politicien, cela ne vaut pas le coup pour tout le monde de mettre en place une gouvernance écologique contraignante et mondiale. C’est peut-être sur ce point que se joue le sort du Monde ! Si tous les politiques sont d’accord sur la nécessité de la lutte contre le dérèglement environnemental, il y a conflit concernant les modalités. Les intérêts nationaux passent souvent avant les intérêts mondiaux.

En ce début de 21ème siècle, dans le jeune combat qui déchire les hommes entre eux pour la survie de leur environnement, si ce n’est du leur, un nouvel enjeu est donc tout à fait décisif. Les hommes politiques qui n’ont pas intérêt aujourd’hui à jouer le jeu, quel que soient leurs raisons historiques et économiques, doivent demain y trouver un intérêt politique et personnel. Autrement dit, c’est le devoir des peuples que de créer l’opportunité à des potentiels leaders déterminés à l’action écologique de gagner des élections. Nous  avons les dirigeants que l’on mérite.

Malheureusement, il est plus facile de convaincre une poignée de dirigeants que six milliards d’humains ! C’est l’inconvénient d’une population mondiale nombreuse : une inertie au changement tous les jours de plus grande ampleur. De plus, convaincre n’a rien d’évident ; il faut pour tout cela des compétences éducatives, et beaucoup de moyens.

Ne plaçons donc pas trop d’espoir dans la capacité des dirigeants mondiaux actuels à résoudre les problèmes écologiques. Il est certain qu’il n’y en a rien à tirer pour l’instant. Pour influer sur le moyen terme, intéressons-nous plutôt à notre pouvoir de persuasion individuel sur les autres : que puis-je faire au quotidien pour la planète, soit, mais aussi que puis-je expliquer à mes amis, dans le journal local et à l’autre bout du Monde ? « L’homme est un animal politique », disait Aristote : nous sommes tous des hommes politiques en puissance. Particulièrement dans cette société de la déresponsabilisation, responsabilisons-nous enfin.

Mais pour convaincre les foules, il ne suffit pas de montrer l’exemple et faire parler les scientifiques. Il faut aussi et surtout faire des compromis. Le temps de « l’’industrialisation » de la pensée écologique est venu : il faut élaborer un message « exportable », c’est-à-dire simple et tolérant. C’est peut-être sur ce dernier point qu’il y a d’ailleurs le plus de travail à accomplir. Puisque la majorité silencieuse a remporté Copenhague, les écologistes ont tort de diaboliser les climato-sceptiques. Au contraire, réjouissons-nous d’avoir identifié notre meilleur ennemi ; si eux  changent d’avis, la majorité suivra. Mais encore faut-il accepter de leur faire face.

Paul-Emmanuel Bidault