Once

Par Rob Gordon
Insupportables, les clichés inhérents aux comédies romantiques ? Oui. Et il y en a autant dans Once, voire plus, que dans les autres films du genre. Allez savoir pourquoi : ici, on s'en tamponne. Le schéma boy meets girl, la romance fleur bleue rythmée par des morceaux de guitare et des discussions drôles et pudiques, les divergences qui finissent par rapprocher les personnages... Tout y est, et c'est merveilleux. Sans doute parce que Once est un film profondément fauché et extrêmement sincère, dont le but premier n'était pas d'aller séduire les spectateurs des multiplexes français. Simplement de raconter une histoire, la plus vieille qui ait jamais existé, en l'agrémentant d'une délicieuse sauce à l'irlandaise.
Once ne serait sans doute pas grand chose sans ses deux interprètes principaux. Glen Hansard est un chanteur extraordinaire, un compositeur hors pair, et un type franchement attachant. Markéta Irglová est une jeune femme assez charmante, qui révèle un vrai talent d'artiste et une délicatesse insoupçonnable. La réussite de leur duo relève de ces alchimies inexplicables mais évidentes (et l'on murmure même que le couple à l'écran est devenu couple à la ville, comme frappé par sa propre grâce). Et leurs chansons sont tout bonnement prodigieuses. Il faut évidemment supporter le folk et le dépouillement guitare-voix ; lorsque c'est le cas, Once est un petit régal pour les oreilles. Ainsi que le fantasme ultime de tous ceux qui ont gratté une guitare ou rêvé de le faire : vivre de son instrument, rencontrer une âme soeur aussi douée que vous, et concrétiser cette union par une alliance musicale imparable a de quoi faire rêver tout un chacun.
Qu'on ne s'arrête pas à la réussite musicale de ce film foutrement fauché : c'est lorsqu'on quitte les personnages, au gré d'une fin sobrement émouvante, que l'on réalise à quel point on les a aimés pendant une heure et demie. Une seule envie : reprendre un ticket et rempiler pour une nouvelle bal(l)ade dublinoise, en compagnie de ces deux petites merveilles qui méritent bien mieux que de vivoter dans la rue.
8/10