CARP ::: Day Walks

Publié le 16 mai 2010 par Gonzai

Ce n'est pas une abréviation pour Common Address Redundancy Protocol, encore moinsun Cache Array Routing Protocol et  sûrement pas le Club Atlético de River Plate. C'est CARP tout court. Il sont peut-être fanas de pêche, mais on s'en tamponne. Carp signe un bel album et Square Dogs est toujours vivant.

Ils sont aujourd'hui pour leur label la baffe qu'on met à un ivrogne comateux pour qu'il ne clamse pas, la chanson que susurre un alpiniste des années cinquante perdu dans les neiges du Mont-Blanc ou le flash que reçoit un amnésique pour annoncer le retour des souvenirs perdus. D'ailleurs, j'entends moi-même, parfois, le sable dégringoler dès lors que je contemple la vaisselle qu'il me reste à faire. Mais il sera impossible de la finir avant la fin de Day Walks, quand le soleil reviendra, laissant fleurir l'arc-en-ciel qui salue la pluie. Le bois est humide, mais il sait se réchauffer comme il faut. Tout cela me rappelle les 1er janvier dansant sur les plages désertes de quelques paradis perdus au sud de la France. Là où s'échouent les poissons morts que les vagues ont porté jusqu'à moi. Les joncs couchent avec les vents et tout devient finesse, grincement et soupir de détente. L'entourage se décompose et fond pour devenir le sol. Les pellicules accélèrent et ralentissent, sans un son, si ce n'est celui de Carp. La houle danse et les voitures aux pare-chocs rouillés sont toutes à l'arrêt. En écoutant Day Walks, des synapses se sont ouvertes, j'ai retrouvé ces choses, dansé à moitié nu sur ces étendues, souri aux herbes, au sable qui coule sur mes phalanges et au poisson qui sera toujours là l'an prochain, en décomposition.

Ça glisse. N'aspirant jamais jusqu'au bout, tirant parfois vers le haut.

On retrouve un son. Celui de Landscape quand Benoit Guivarch fait claquer un surplus de salive entre ses lèvres tous les deux mots. Parfois toutes les syllabes. Les accords sont simples mais chiadés façon Midlake. Une note de piano quand il faut. On entend les empreintes digitales copuler avec les cordes. Il semblerait qu'un harmonium polisse les fonds. Square Dogs a ses mixs et ses sons à l'image de l'Amicale, chacun sa came. Ça fait du bien bordel, d'avoir ça chez nous. Des choeurs discrets lissent et enrobent les parties qui le nécessitent. Jamais d'outrance, d'extrême. Pourtant jamais de juste milieu. La super 8 déconne un peu dans mes yeux au début de Seventies alors que Mystery a tendance à me foutre en lévitation sur les premières notes, me faire virevolter dans l'air bleu ensuite. Arrive Tale, musicalement là pour nous remettre à notre place, lâchant un clin d'oeil qui nous rassure et nous fait croire à un nouveau décollage. Ça monte et on ne brûlera jamais dans ce soleil, peut-être parce que Carp l'a caressé à l'aube pour que le crépuscule soit différent.

Carp // Day Walks // Square Dogs
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