Le livre du jour : Mouvement lent, Langsamer Satz, d'Erika Burkart

Par Florence Trocmé

 Le livre 
Erika Burkart 
Langsamer Satz/Mouvement lent 
Traduit de l’allemand par Marion Graf  - édition bilingue
Éditions d’en bas, 2008 
L’auteur 
Erika Burkart est une très grande dame de la poésie suisse et elle vient de mourir, ce 14 avril 2010, dans l’indifférence totale en France, qui ne la connait pour ainsi dire pas. Elle était née le 8 février 1922 et fut lauréate du prestigieux Grand Prix Schiller, en 2005 (lequel Grand prix vient d’être attribué à Philippe Jaccottet, voir ce reportage). Elle a vécu toute sa vie, avec son mari l’écrivain Ernst Halter, dans la résidence d’été des abbés du Monastère de Muri, à Aristau, en Suisse alémanique.  
Voir une fiche sur Erika Burkart sur le site culturactif. 
La traductrice, Marion Graf 
Voir sa fiche sur le site culturactif. (lire en particulier l’entretien qui figure dans la deuxième partie de cette fiche et où Marion Graf parle des langues et du travail de traductrice) 
Elle a traduit notamment plusieurs livres de Walser pour les éditions Zoé. Elle est aussi l’auteur de La poésie en Suisse romande depuis Blaise Cendrars, en collaboration avec José-Flore Tappy, Seghers, 2005.  
Extrait 
Un bec a happé l’amiral, 
meurtri les ailes et le corps. Mort,  
le décoré, un papillon,  
le ruban rouge brille encore. 
Sur l’oiseau, 
le chat a jeté son grappin. 
Déposé sur le seuil nourricier, 
il refroidit sans réconfort, s’éteignent 
la tension et l’éclat 
dans le bleu nuit des plumes. 
Regarde : 
le masque d’oiseau de la mort, 
reconnu par Bosch et Dürer 
Désemparés 
face à l’expulsion quotidienne 
(liquidation planétaire par la mort) 
nous qui n’oublions pas, nous tombons dans l’oubli, 
un nœud de vie,  
dénoué d’un coup de lame.  
lire la version originale de ce poème 
Ce qu’ils disent du livre 
Françoise Delorme, note de lecture sur le site Culturactif. Extrait de cette note :  
Jeux infiniment miroitants et aussi difficiles à comprendre qu'un exergue de Joseph Brodsky nous le promettait dès la première page : ...Car tout ce qui se brise dans la lumière / continue dans la nuit. Ce vers condense en lui le balancement du livre en trois mouvements. Le premier est tout d'écoute sensible d'un dehors végétal et humain, dans le second se rejoignent la fêlure et l'acquiescement ébloui, dans le troisième enfin se tisse une intériorité frêle et énergique. Mais tout est plus entremêlé aussi. 
Il faut savoir gré à la traductrice d'avoir avec tant de tact et de finesse laissé traverser d'une langue à une autre tant de simplicité, tant de force, d'avoir fait entrevoir au lecteur francophone la richesse poétique et philosophique de cette œuvre, jusqu'alors quasi inconnue du public francophone.  
L’éditeur 
Créées en 1976 par Michel Glardon, les Éditions d’en bas se sont imposées depuis lors comme une maison au profil affirmé, aspirant à donner la parole aux « exclu-e-s » de tous bords et à développer de nouveaux regards sur la vie politique et sociale contemporaine. Organisées autour d’un réseau de coopérateurs et de souscripteurs liés aux multiples engagements de son fondateur, les Éditions ont accompagné et diffusé, à travers plusieurs collections, les luttes et mouvements sociaux du moment. Essais et dossiers historiques, sociologiques et politiques, témoignages et récits de vie, textes littéraires d’horizons multiples, traductions témoignent de la diversité d’un catalogue riche aujourd’hui de plus de 250 titres. 
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