Catherine o’meny – redactrice en chef abc-luxe.com

Publié le 24 mai 2010 par Rudy0609

Mon activité de blogueuse me permet souvent de faire des rencontres uniques et enrichissantes.

C’est le cas cette semaine, puisque j’ai eu le privilège de rencontrer Catherine O’Mény, directrice de la publication du célèbre site dédié à l’univers du luxe : www.abc-luxe.com. La spécialiste du Luxe nous raconte son parcours, et nous fait partager sa passion pour cet univers complexe et unique. Non, le luxe n’est pas mort, il a même un bel avenir.

Quel est votre parcours ?

J’ai un parcours assez atypique puisque j’ai eu une première carrière dans le monde du spectacle en tant que danseuse et chorégraphe, une deuxième en tant que journaliste et une troisième en tant que chef d’entreprise. J’ai crée le groupe IRIS en 1991, spécialisé en stratégie de communication et qui présente différentes expertises : événementiel, audio-visuel, multimédia et conseil. Au sein de ce groupe, on a crée il y a 10 ans un pôle luxe autour de la plateforme éditoriale ABC LUXE.

Pour quoi ce pôle luxe ?

Mon expérience journalistique m’avais donné l’envie d’aller plus loin et j’avais envie développer des émissions de TV. J’ai  fait par la suite une formation complémentaire à l’institut supérieur du marketing du luxe – MBA 3 cycle – afin de tester mes idées.
A la fin de ce cycle, je me suis rendue compte qu’il manquait vraiment des outils d’informations, des outils qui soient  transversaux, qui puissent parler non pas uniquement de mode ou de joaillerie, mais du luxe dans sa globalité avec ses enjeux de marchés et ses enjeux de prospectives.
Au début, il s’agissait d’une lettre papier qui s’appelait Luxe, et dont la vocation était de donner la parole aux professionnels du luxe. Bénéficiant au sein du groupe Iris un pôle multimédia, j’ai pensé qu’il était temps d’innover et de créer un site avec une actualisation quotidienne, proposant une vraie interaction. Ayant pu nous appuyer sur les moyens du groupe, nous avons donc lancé le site, lequel était à l’époque une première dans le secteur du luxe.
A cette époque, les gens n’y croyaient pas. Dans le secteur du luxe, un site BtoB était absolument novateur et atypique.

Quelle est votre mission au sein du site ABC-LUXE aujourd’hui ?

Je suis rédactrice en chef du site, et également en charge du développement de business unit à fortes valeurs ajoutées opérationnelles. De 2007 à 2010, on a créé et lancé des business units dédiées aux problématiques des marques de luxe. Nous organisons des formations, des conférences, nous faisons du conseil en stratégie de marque, et notamment du conseil en stratégie et conception multimédia : développement de site, mise en place de pages facebook, plateformes pour les mobiles…pour être bien dans notre époque !

En 2010, ABC LUXE organise une exposition autour du travail d’une photographe, laquelle a réalisé les portraits des petites mains des grands ateliers du luxe. Cette exposition est destinée à faire le tour du monde et à promouvoir le savoir faire français dans 12 pays.

ABC LUXE devance la mouvance et innove.

Je dirige tout ceci.

Quels sont les objectifs d’ABC-LUXE aujourd’hui :

Notre objectif est de rester une entité qui innove, qui ouvre des voix, et qui apporte aux professionnels des solutions et des réponses très concrètes et très opérationnelles. Apporter une vraie veille sur l’industrie.

Notre objectif et notre ambition sont de le faire de façon plus globale et de pouvoir passer sur un plan plus international.

Pour vous, qu’est ce que le luxe ?

Mon plus grand luxe c’est d’avoir du temps et de pouvoir le partager avec les gens que j’aime. Ca c’est le luxe du luxe !!

Quelles sont vos marques de luxe de référence.

Il me serait difficile de n’en citer qu’une. Sur internet en revanche, on trouve beaucoup d’acteurs très initiateurs qui ont ouvert des portes. Je pense par exemple à Hermès, qui a été un des premiers à vendre sur le web des produits de luxe. Site de vente en ligne qui sont de vrais modèles économiques de référence.

Le luxe et internet aujourd’hui : enjeux, opportunités, dérives, possibilités.

Les dérives, le luxe les a très vite identifiées : contrefaçons, réseaux parallèles…

Le luxe a compris que le net était un vrai outil de relais de croissance mais aussi de CRM : pouvoir être en lien direct et constant avec ses consommateurs. Ceci est à présent acquis. Il est très récent que les marques vendent sur le net…malgré beaucoup de contraintes, les marques sont aujourd’hui en train de les intégrer. Les marques se mettent à l’heure des nouvelles technologies.  Jusqu’ici ils n’avaient pas compris ce qu’internet pouvait leur apporter : notamment en terme de lien avec leur client. Travailler pour que les clients remontent de l’info à la marque. Internet est aujourd’hui partie intégrante de la stratégie des marques. Par exemple, une marque de cosmétique, va faire deux lancements, un premier lancement à travers les blogueurs avant même le lancement presse. Internet est un vrai relais de croissance et un outil d’influence. En terme de stratégie de marque c’est ce qui singularise les marques aujourd’hui, ce sont celles qui réfléchissent en terme d’expérience client. Qu’est ce qui va me différencier des mes concurrents, que vais-je apporter à mon client qui va créer une addiction : au travers d’un aspect ludique, pratique ou informatif.

Maintenant internet est vraiment intégré au sein des stratégies de marques : communication, commercial, image…même si la communication est souvent adaptée pour le web.

Que pensez-vous des nouveaux moyens de communication : facebook, twitter, applications I-Phone ?

Je pense qu’il faut vivre avec son temps. Il ne faut pas passer à côté. Le nombre d’I-Phone en France est aujourd’hui tellement conséquent qu’on ne peut pas ignorer ce phénomène. Pour les nouvelles générations qui sont nées avec internet, il parait impensable qu’une marque ne soit pas présente sur le web. Pour les 10-20 ans, une marque qui n’est pas présente sur le net est has-been.

Concernant Facebook, je pense que le partage d’info, la création de communauté, de réseau…tout cet aspect interactif est très positif pour les marques. C’est un excellent moyen d’animer tout un réseau, au-delà de l’institutionnel.

Ce qui est très intéressant également, c’est la façon dont les communautés s’autogèrent. Par exemple, quand un détracteur publie une mauvaise information, les aficionados modèrent et modulent immédiatement la situation et rétablissent l’ordre.

Je pense qu’il ne faut pas avoir peur de ces nouveaux médias, il faut apprendre à bien les travailler et surtout il faut innover. Cela permet de créer de l’adhésion à la marque.

Effectuez-vous vos achats sur internet ?

Oui, pour tout ce qui me fait gagner du temps : les courses, les voyages, le high-tech, mon parfum par exemple…tout ce qui est consommation courante. Pour le reste, mon métier fait que je dois constamment me tenir informée des nouveautés. J’aime bien aller en boutique voir ce qu’il s’y passe. Tout ce qui est affectif et très personnel, je préfère me déplacer.

Comment voyez-vous l’évolution du marché du luxe ces prochaines années ?

Je pense que le luxe à un bel avenir, et en particulier le luxe français. Nous avons réussi à porter nos valeurs au delà des différences culturelles, c’est une vraie réussite qui va perdurer.

En revanche, je crois que le luxe va se segmenter, que différents luxes vont se créer : le luxe des initiés, le luxe plus ostentatoire, le luxe plus accessible pour une nouvelles clientèle plus jeune et enfin le luxe intemporel, voire institutionnel. Il n’y aura pas le même luxe pour tous.

Aujourd’hui, le luxe n’est plus lié au prix. Le luxe évolue vers une nouvelle dimension. Certaines marques que l’on ne va pas considérer de luxe, vont être assez puissantes pour créer un émotionnel fort auprès des clients et alors devenir des marques de luxe.  C’est l’émotionnel qu’elles créent et leur univers qui vont leur permettre aux marques d’évoluer vers la sphère luxe.

Je remercie Catherine O’Mény pour son temps si précieux, son uber luxe !

Pauline B. pour BazarChic Mag.