Je redoutais la transparence de mes mains (Jean Joubert)

Par Arbrealettres


Notre mémoire s’allégeait.
Bientôt je redoutai sa transparence,
et que nos corps assaillis de lumière
ne fussent plus dans ces gouffres de verre
que silence et geste sans ombre.
Le jour nous dominait. Seule la voix
du jour tonnait sur les sommets déserts.
Je redoutais la transparence de mes mains,
de tes épaules sous mes mains,
la transparence de la bouche et du regard
pareillement lavés des signes végétaux.

(Jean Joubert)

Illustration: Fabienne Contat