Criminels au logis

Publié le 26 mai 2010 par Olivier57

Ce n'est jamais très agréable de réclamer des peines plus sévères pour les délinquants. Il est tellement plus facile de prôner la tolérance, le pardon, l'irresponsabilité, de chercher toutes sortes d'excuses, surtout si les malheurs arrivent aux autres, bref d'endosser le costume des bourgeois bohèmes qui tolèrent tout du moment... que l'on ne touche pas à leur gamelle.

Ce n'est jamais une bonne chose de réagir à chaud, sous le coup de l'émotion. Mieux vaut prendre du recul, attendre l'apaisement. Seulement voilà, le problème, c'est qu'il ne se passe pas une semaine, voire un jour sans rencontrer des crimes sordides, si tant est que ce rapprochement ne soit un pléonasme, des délinquants sans foi ni loi, des multi-récidivistes multi libérés.

Alors tant pis, c'est plus dur, moins noble, mais il faut penser d'abord et avant tout aux victimes,  aux vieillards agressés,  volés, tués, aux enfants et aux femmes violées, aux vies brisées, anéanties, à toutes ces personnes meurtries, à ceux et celles qui ont disparu à jamais sous les coups des tortionnaires, à leurs proches inconsolables. Mieux vaux pleurer les victimes que les bourreaux.

Il faut alors reconnaître que les punitions sont bien trop légères et que trop de criminels divaguent en liberté. Et les raisons sont nombreuses, beaucoup trop nombreuses...


Il y a d'abord bon nombre d'avocats, prèt à défendre n'importe quel salaud bien moins soucieux de justice que de retombées médiatiques, bien moins soucieux de la culpabilité que de la victoire. Ces avocats qui réclament d'intervenir dès la première heure de garde à vue, pour arrondir leurs fins de mois à peu de frais, leur seul rôle à ce stade étant de conseiller à leur client de se taire, ce que celui-ci ne sait que trop. Dans un pays démocratique, il serait pourtant  plaisant et normal de pouvoir faire confiance à l'intégrité de la police seule.

Il y a ensuite les innombrables circonstances atténuantes recherchées par les mêmes avocats et leurs acolytes experts psychiatres.... Enfance difficile, perturbée, instable, malheureuse, pauvre, alcoolisme ou violence des parents,  indifférence ou possessivité de la mère, intolérance ou ignorance du père, pulsions et passion, tout est bon, pour justifier, expliquer, atténuer, tous  font arguments pour réduire la responsabilité. Et pendant ce temps, les victimes se décomposent dans leur cercueil. Seules.

Il y a la délicate question des malades mentaux, qui vaut inexorablement l'exemption de peine, un séjour de quelques mois en hôpital psychiatrique et une libération dans la foulée, les psychiatres eux même reconnaissant leur absence totale de maitrise du sujet, sans pour autant s'affranchir de leur déclarations péremptoires et exonératrices. Comme si tout tueur n'était pas déjà lui-même un malade mental au psychisme délirant.

Parfois, tout l'arsenal est mis en oeuvre en même temps, comme le met en évidence le contenu d'un procès d'aujourd'hui, à la lecture duquel on se demande s'il faut rire, pleurer ou hurler.

Une fois les excuses habillées d'une approche qui doit tout au marketing et à la dialectique, sous un autre angle mais du même côté de la balance, vont intervenir le non cumul  des peines, leurs réductions automatiques et pour bonne conduite, les libérations conditionnelles. A la clef, un élargissement après moins de la moitié de l'acccomplissement de la sentence.

Des sentences sont fatalement de plus en plus légères puisque plafonnées. La peine de mort a été, justement,, il faut le dire, supprimée, dans la foulée la perpétuité l'a été aussi, la sûreté limitée à 22 ans. Impossible de doubler la dose en prévision de l'accomplissement de la moitié. Impossible de condamner pour un "simple" meurtre à 22 ans de surêté, puisque c'est le sort réservé à ceux qui en au moins une demi-douzaine au compteur. Excusée par le bas, laminée par le  haut, la peine maximum est le plus souvent d'une quinzaine d'années de prison, ce qui met le meurtre à 7 ans. 7 ans max, 20% au moins de chance de passer à travers, c'est sûrement plus tentant que dissuasif.

Bien évidemment, les innombrables autres délits subissent le même assouplissement des peines, et l'on va retrouver dehors  des centaines de voleurs et de violeurs après juste quelques mois d'incarcération. A l'instar de Coluche pour les policiers, on peut constater qu'il faut 30 avertissements pour avoir un blâme, et qu'au bout de 30 blâmes, on risque, mais on risque seulement, ... d'être incarcéré.

Sans tomber dans l'excès américain qui conserve un criminel en prison pendant plus de cinquante ans ou qui exécute un condamné après vingt ou trente ans d'attente et de recours dans le couloir de la mort, force est de reconnaître qu'en France, le balancier de la tolérance est parti trop loin depuis trop longtemps et qu'il est urgent d'infléchir fortement sa course.