On ne refuse jamais un rhum ici, que ça soit au restaurant ou à un pique-nique. C'est toujours une occasion d'entendre une nouvelle légende. Celle de Jack le Fou, peut-être. L'homme au visage entièrement tatoué, qui ne sort que les soirs de pleine lune pour jeter un sort à ceux qui lui refuse à boire. Ou celle de Sitarane le buveur de sang, un engagé indien qui utilisa des pouvoirs obscurs pour terroriser l'île au 19e siècle et qui fut condamner à mort. Une demi-douzaine de bouteilles sont constamment sur sa tombe, dans un cimetière du Sud de l'île, afin qu'il ne soit pas tenté de la quitter et de recommencer à traumatiser les locaux.
Le rhum est l'offrande idéale si l'on veut demander quelque chose aux esprits. Le vaudou est loin du truc pour faire peur aux enfants. Il ne faut pas aller bien loin pour trouver des poules, grosses, noires ou rousses, sans tête et sans pattes Ou des sacs remplis avec le Mal de quelqu'un, déposé à la croisée des chemins pour contaminer le premier qui s'en approche. Qu'ils y croient ou non, le premier novembre, à la fête des Morts, tous font un arrêt obligé aux boutiks pour ramasser une bouteille de Charrette qu'ils boiront avec les défunts.
Laurent Kayler-Blais
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