Mouvement démocrate : un préambule prometteur

Publié le 07 décembre 2007 par Willy

Par Étienne Béranger





S’il fallait ne retenir qu’une seule chose du congrès fondateur du MODEM à Villepinte, ce serait pour moi le préambule des statuts. Ces deux paragraphes, pouvant apparaître anodins, résument pourtant à eux seuls l’esprit de la rencontre et l’amorce de la révolution culturelle effectuée par les instances du mouvement en général, et par François Bayrou en particulier.

Les adhérents aux présents statuts affirment solennellement leur attachement aux termes de la Charte des valeurs et de la Charte éthique du Mouvement Démocrate.

L’organisation du Mouvement Démocrate garantit l’équilibre entre le principe de représentation et de libre expression des adhérents et le principe de cohérence et de responsabilité des instances élues.

Ce préambule indique en des termes adaptés que le MODEM est un mouvement politique fondé sur un juste équilibre entre la démocratie représentative et la démocratie participative et que l’ensemble de ses adhérents (y compris le Président) sont fédérés par des valeurs inscrites dans une charte et s’engagent à respecter des exigences comportementales inventoriées dans la charte éthique.

Ce constat répond de lui-même aux nombreuses inepties médiatiques organisées qui tout au long du week-end ont voulu démontrer une prétendue absence de démocratie interne au MODEM. Jusqu’à preuve du contraire, aucun parti n’est allé aussi loin dans la mise au point d’une démarche commune par le biais du compromis car c’est bien d’un compromis qu’il s’agit.

Du temps de l’UDF, cette démarche n’était pas envisageable car, à l’instar d’autres partis, la démocratie représentative y était toute puissante et le militant en était réduit à accomplir des tâches logistiques et à approuver des textes préparés à l’avance par les instances. Aujourd’hui,les documents fondateurs ont évolué au fur et à mesure des contributions des militants qui ont voté en séance plénière les derniers amendements à la manière d’un vrai parlement. C’est l’expérience en interne de la séparation des pouvoirs voulue pour la Nation lors de la campagne présidentielle.

Ce compromis ne laisse en chemin ni vainqueur ni vaincu mais a amené chacun à faire des concessions. A titre personnel, j’aurais aimé que le débat naturel dans toutes les groupes humains organisés sur la nécessité de préserver l’unité tout en favorisant la diversité eut été plus poussé. Au nom d’un légitime souci de préserver l’unité, notre Président est prêt non pas à réduire mais à trop canaliser la diversité.

Le mot de courants lui donne à juste titre de l’urticaire, sur la base d’expériences passées malheureuses. Mais la contradiction a toujours été source de progrès, et ne peut s’exprimer que dans le diversité la plus large. C’est pourquoi je reste favorable à l’expression de sensibilités organisées. Ce qui a l’air d’une dérisoire subtilité sémantique cache un enjeu important. Le courant naît lorsque l’ambition personnelle prend le pas sur l’intérêt du groupe. La sensibilité organisée est garante de la diversité mais garde en ligne de mire l’impératif de l’unité et ne s’égare pas dans une suicidaire guerre des chefs. Les indispensables gardes-fous sont la charte des valeurs et surtout la charte éthique qui, par ses exigences comportementales, empêche les dérives redoutées. Dans cet esprit, la Commission de Conciliation ne devrait pas hésiter à prononcer l’exclusion de tous ceux qui relègueraient au second plan derrière leurs intérêts personnels l’intérêt du groupe.

Dans un mouvement démocrate, la seule ambition doit être le service de la collectivité dans le respect des différences. La démarche actuelle s’est un peu arrêtée en route mais reconnaissons que nous sommes partis de très loin et qu’il était illusoire de croire que tout se ferait en une seule phase.

Le compromis construit à Villepinte ouvre donc un formidable chemin d’espérance et ne ferme pas la porte aux évolutions possibles. C’est le sens profond de ce préambule prometteur.