LiveNation chasse sur les terres des Inrocks

Par Kub3

Ce mardi 25 mai, ce n’était pas au Casino de Paris pour voir Muse ni au Zénith pour The Gossip qu’il fallait être, mais bien à la Maroquinerie où LiveNation, le “bienfaiteur américain de la musique indépendante” (sic) tenait sa première soirée Want Some co-organisée avec WorMee. Au programme : Harlem, Hatcham Social et Dead Confederate.

LiveNation est une multinationale de l’entertainment qui organise les tournées bankable de Madonna, Jay-Z ou autres U2 et qui vient d’ouvrir une antenne en France avec la volonté déclarée de s’implanter durablement sur notre bonne vieille terre de culture. Alors pourquoi LiveNation se lance dans le défrichage ? Ça, on aimerait bien le savoir. Toujours est-il que Les Inrocks ont du souci à se faire puisque le géant californien vient impunément chasser sur les terres de ses Inrocks Indie Club, soirées régulièrement organisées à La Maroquinerie et qui présente une ou deux découvertes, accompagnées d’une tête d’affiche jouissant d’un buzz parfois justifié mais souvent temporaire. En tout cas, ça a maintenant le mérite d’être clair, les producteurs français peuvent crier au loup, parce que celui-ci est vraiment dans la bergerie et a bien l’intention d’y rester.

Alors, soyons honnêtes, le spectacle n’était pas au niveau de celui qui avait lieu au même moment au Casino de Paris ou au Zénith. Le plateau présenté ce soir-là était en effet assez faible. Si on a fait le déplacement, c’est parce qu’Harlem, groupe américain qui jouit actuellement d’un mini-buzz, était de la partie. La vraie question est de savoir pourquoi les organisateurs ont fait jouer Harlem, groupe pourtant le moins faible sur le papier, en premier. Là encore, pas de réponse.


Harlem, en février dernier à New York, © Madalyn Baldanzi

Quoi qu’il en soit, Harlem c’était bien. D’abord parce que voir en 2010 un groupe décontracté, plein d’énergie et insouciant, c’est de plus en plus rare. Ensuite parce que ces jeunes types de Tucson, dans l’Arizona, font de la bonne musique efficace. Leur créneau c’est le rock garage, mais ça on n’y peut rien. Ils ont été découverts en 2008 et ont déjà sorti deux albums. Ils joueront 40 courtes minutes, juste le temps de présenter des chansons brutes de décoffrage desquelles se détachent parfois des mélodies faciles et entraînantes. C’est simple comme du garage mais ça marche bien. Un rapide coup d’œil dans le public suffit à constater que le public a le sourire – et ça c’est déjà pas évident. Un blondinet et deux blondinettes se trémoussent au premier rang en chantant les paroles qu’ils connaissent manifestement par cœur. Le temps que le batteur prenne la place du chanteur pour quelques chansons, qu’ils expédient un rappel, et voilà c’est déjà fini. Bon c’est déjà ça de pris et ça valait le déplacement.


Pour le reste, Hatcham Social n’a pas grand intérêt. Paraît-il proche de The Horrors, le groupe joue bien mais malheureusement les compositions ne suivent pas. Malgré de belles individualités – une belle voix, de belles lignes de basses, de brèves introductions de guitare – ça ne suit pas et on ne voit pas bien où tout cela nous mène. Dommage. C’est l’heure d’aller faire un tour au bar. Bon, et puis comme on n’est pas fan de grunge, Dead Confederates, ce sera également sans nous.

Bref, une belle curiosité que cette première édition des soirées Want Some : c’est la première fois qu’on vit une soirée à contre-courant, la tête d’affiche en ouverture et la première partie pour clôturer. On retiendra en tout cas Harlem qui vaut le coup d’œil. La prochaine soirée Want Some se tiendra le 24 juin, toujours à La Maroquinerie, mais cette fois avec New Street Adventure et Wankin’ Noodies. Ca vous dit rien ? Nous non plus. Alors doit-on penser que LiveNation a une réelle volonté de défrichage, ou souhaite chasser sur les terres de ses concurrents ? La réponse, on ne l’a pas non plus.

Myspace de Harlem
Myspace de La Maroquinerie