L’enfant seul

Par Borokoff

A propos de L’autre rive de Giorgo Ovashvili 2 out of 5 stars

Tedo, 12 ans, réfugié à Tbilissi (Géorgie) depuis la fin de la guerre entre l’Abkhazie, la Russie et la Géorgie, rêve de rejoindre son père resté en Abkhazie. Un jour, il met son projet à exécution et part sur la route…

Adapté d’une nouvelle de Nugzar Shataidze, un écrivain géorgien, L’autre rive est le premier long métrage de Giorgo Ovashvili. Son entame fait peur. Le choix de la musique et surtout de l’acteur qui incarne Tedo (il louche totalement) présagent, on le craint au début du film, d’une certaine naïveté qui agacerait rapidement. C’est juger un peu rapidement du film.

A travers l’épopée d’un enfant, L’autre rive est un film sur la haine qui existe entre Géorgiens et Abkhazes depuis la fin de la guerre de 1992-1993 et le récent conflit de 2008. En regardant L’autre rive, qui est un drame intime raconté du point de vue d’un enfant dont la mère est prostituée et le père porté disparu, une foule de films passent dans la tête du spectateur. On pense, dans la dureté de ce que vit Tedo, à Bouge pas, meurs et ressuscite, le chef d’œuvre de Kanevski ou Requiem pour un massacre de Klimov.

Mais L’autre rive n’a ni la dimension épique ou tragique, ni la charge émotionnelle des deux films précédemment cités. Filmé depuis les yeux d’un enfant, le film d’Ovashvili est pourtant interprété par un acteur formidable, Tedo Bekhauri. De tous les plans, le jeune acteur est remarquablement dirigé. Et c’est la principale qualité du film.

L’autre rive contient une part de lyrisme. Dans son coté enchanteur, il peut s’apparenter à un conte contemporain dont la morale, un peu simple, serait de prôner l’ouverture entre les peuples, la nécessité de se parler, au-delà de la haine farouche qui existe entre deux communautés.

Mais difficile d’être vraiment séduit par L’autre rive quand on repense à la beauté de ses augustes prédécesseurs comme L’enfance d’Ivan de Tarkovski. Au-delà de son « message » un peu simpliste, L’autre rive n’atteint jamais la dimension poétique ni le pouvoir d’évocation du chef-d’oeuvre de Tarkovski.

Le film d’Ovashvili souffre de la comparaison avec Tarkovski mais aussi de ses propres faiblesses. Malgré la qualité intrinsèque de sa direction d’acteurs, les prouesses de son jeune acteur, il lui manque une réelle dimension poétique…

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