Boucher éternel

Par Borokoff

A propos de Freddy Les griffes de la nuit de Samuel Bayer 3 out of 5 stars

Dans le quartier résidentiel d’une riche banlieue américaine, cinq étudiants sont hantés par la vision d’un homme au visage atrocement brûlé et qui porte un vieux chapeau. Mais ce qui terrorise les adolescents, c’est surtout la voix caverneuse de cet homme qui dit s’appeler Freddy et porte des griffes acérées à la main… Tour à tour possédés, les étudiants meurent déchiquetés par Freddy, mystérieusement rentré dans leur cerveau pendant leur sommeil…

Remake du premier opus de la série des Freddy (Freddy -- Chapitre 1 : Les griffes de la nuit, réalisé par Wes Craven en 1984), Freddy Les griffes de la nuit est une virée nocturne sans prétention dans l’hémoglobine et l’horreur. La première chose marquante du scénario un peu faiblard de ce neuvième épisode au demeurant plaisant de la série, c’est la prééminence des clichés pour décrire le milieu universitaire américain.

Kris, par exemple, que l’on croit être l’héroïne mais qui meurt par surprise dès le début (c’est la seule vraie bonne idée du scénario), est une blonde platine un peu vulgaire et en toute circonstance parfaitement coiffée même quand elle roule en coupé cabriolet décapotable. Un soir, bien sûr, elle se retrouve seule un soir dans son immense maison vide… Comme dans  Scream

Ce Freddy Les griffes de la nuit 2010 oscille entre fantastique et horreur, mais distille moins d’humour noir que les Freddy précédents. Surtout, son scénario est trop irrationnel pour être crédible : Freddy tue les étudiants pendant leurs rêves ou leur sommeil, du coup Quentin et Nancy qui l’ont bien compris, cherchent à tout prix à rester éveillés.

Mais qui est Freddy ? L’ancien jardinier de la maternelle était-il un ange ou un démon ? Brûlé vif par les parents de la bande à Kyle, 15 ans plus tôt, Freddy est revenu s’expliquer avec les chers bambins. Comment expliquer que malgré tous ces clichés évoqués plus haut, malgré un scénario un peu léger, Freddy Les griffes de la nuit parvienne à faire peur ?

C’est que la mise en scène tendue a bien retenu les codes pour effrayer. Voix sépulcrale de Freddy (joué cette fois par Jackie Earle Haley et non plus le mythique Robert Englund !) lenteur des scènes avant l’effusion de sang ou l’explosion soudaine de violence, etc… Un film d’horreur s’autorise beaucoup plus de clichés qu’aucun autre genre, parce qu’ils ont une importance mineure dans l’intrigue. Au contraire, c’est comme si le genre reposait là-dessus, s’imprégnant de tous une série de clichés qu’il recyclait d’un film à l’autre pour mieux assumer ou rire du sous-genre dans lequel on a toujours voulu le ranger… Comme s’il se gaussait de cette dépréciation, de cette dévalorisation. Un bon film d’horreur comme Freddy n’a pas besoin d’inventer des personnages originaux. Il se contente d’archétypes de personnages car son enjeu est ailleurs. Dans l’inventivité des scènes de barbarie, dans les trouvailles visuelles autour du sang. Mais Freddy, à la différence de Ring par exemple, ne se contente pas de faire peur, il a envie de montrer du sang.

Fort heureusement il regorge de bonnes idées. Mention spéciale à la photographie du film de Jeff Cutter. Quentin, en maillot de bain, passant d’une piscine chauffée à un bassin d’eau putride au milieu d’une usine est une belle inspiration comme la scène où Nancy se noie dans une marée de sang qui a inondé les couloirs de son appartement…

Pas de quoi crier au génie, mais c’est déjà pas mal…

www.youtube.com/watch?v=KKMJMZHqxq8