Ce week-end ce sont tenues des élections municipales dans les 22 grandes agglomérations du pays. A Reykjavik en particulier, les événements qui ont agité la ville pendant plusieurs semaines ne sont pas sans rappeler la campagne que tînt en son temps un comique Français célèbre.
Samedi, selon les résultats officiels, les partis traditionnels ont été littéralement pétrifiés par l'éruption inattendue du mouvement "anarcho-surréaliste" crée il y a six mois par Jón
Le message adressé aux hommes et aux femmes politiques qui furent reconnus coupables "d'extrême négligence" par le rapport de la SIC présenté en avril dernier est donc à la hauteur de la colère et de la rancœur qui anime la population depuis maintenant un an et demi. La défiance à l'encontre des gouvernants atteint les sommets encore chauds d'Eyjafjöll. Une façon de dire que les électeurs croient autant à cette parodie de parti qu'ils pensent leurs anciens dirigeants encore aptes à gérer la cité.
En marge des grands partis traditionnels (Parti de l'Indépendance, Parti du Progrès, Alliance Sociale Démocrate et Parti Gauche Verte), qui ont peiné à émerger ou perdu leur majorité, d'autres mouvements ont surfé sur la vague de "l'éthico-politique". Ólafur F. Magnússon et sa "Campagne pour l'honnêteté et l'intérêt public", Reykjavíkurframboðið, qui a mené une "campagne pour la défense des intérêts des habitants de Reykjavik", ou encore un parti d'étudiants au Nord-est du pays... les manifestations citoyennes de dépit paraissent avoir été assez largement plébiscitées par le peuple Islandais.
Les conclusions du "black report" et les récentes arrestations qui ont suivi sa publication ont indéniablement entamé la crédibilité politique et la légitimité des candidatures traditionnelles.
La situation tend aussi à démontrer qu'à l'inverse d'autres démocraties occidentales, les électeurs sont désormais les vrais décideurs. Si ailleurs, les concertos pour flûte et violon des "Nicolangela" et consorts parviennent avec une indéniable virtuosité à endormir nos frêles capacités de discernement, ici, après avoir été perçus comme les dizaines de milliers de moutons qui occupent paisiblement l'île, les Islandais ont voulu démontrer qu'ils avaient bel et bien repris leur destin en mains. Le renversement du gouvernement de Geir Haarde en 2009 et le large "niet popof" au remboursement de la dette britannico-batave lors du referendum Icesave de mars dernier ne furent que les premières étapes d'un processus de reprise du pouvoir qui vient de voir sa troisième phase se concrétiser ce week-end.
Un peu comme si Coluche, il y a 30 ans,avait été élu Président de la République sur un aphorisme en guise de promesse électorale : "Avant moi la France était coupée en deux, maintenant elle sera pliée en quatre".Photo Jón Gnarr empruntée à Páll Stefánsson.Autres photos empruntées à moi. Sources : mbl.is / icelandreview.com / grapevine.is