Mercredi 2 juin : Born Ruffians - Sole Brother

Publié le 02 juin 2010 par Earsofpanda
En 2008 si on m’avait pointé un revolver dans la bouche et prié de ne garder qu’un album pour l’été, mon choix aurait été rapide : Red, Yellow And Blue s’imposait comme le disque incontournable, et pas seulement en période estivale, mais sur l’année entière voire même l’un des meilleurs disque de la décennie (carrément !). S’imposant dans le trio de tête de mon top de cette année , ce trio fraichement signé par le prestigieux label Warp avait tout pour eux alors : Une fraicheur, des tubes à profusion et surtout de l’énergie à revendre qui était leur principal atout. Sans sacrifier au grand jamais la cohérence qui parcourait chacun de leur titre, chaque membre du groupe s’évertuait à donner le meilleur d’eux même entre le bassiste Mitch Derosier jouant le plus vite possible en se bousillant les doigts à chaque note et qui s’égosillait la voix à la moindre occasion pour accompagner ses amis, ou Steve Hamelin comme un fou derrières ces fûts, toujours à la limite de l’audible et laissant libre court à son imagination débordante quand il s’agissait de composer des rythmiques fun et complexe à la fois. Et puis au milieu de tout ça il y avait le garçon prodige, ce « little garçon » intransigeant avec sa guitare quand il s’agissait de jouer des hymnes pop et possédant un talent vocal hors pair, un Animal Collective à lui tout seul. De ce Red, Yellow And Blue il n’y avait rien à jeter et là (excuser moi l’expression mais…) c’est le drame. En pleine tournée, le batteur jette l’éponge laissant les deux autres comparses dans la panade, le groupe est au bord du gouffre alors que l’avenir leur souriait à pleine dents. S’en suit une période de doute qui débouche sur un petit miracle où les ados se retrouvent enfin. Plus réunis que jamais ils se lancent alors dans la suite de leurs aventures attendues alors comme des messies par le Panda. Oui mais voilà, cette période noire du groupe semble avoir eu des conséquences importante sur eux. D’ados ils sont devenus des vieillards fatigués, on ne parle même pas de l’âge adulte mais bien celui du cinquantenaire ventripotent, la preuve en est avec Luke Lalonde au visage d’enfant portant fièrement ces petites lunettes rondes de doyen du village.
Et pourtant, rien ne préparait à une telle débâcle. En témoigne leur participation au coffret Warp qui célébrait les 20 ans de leur label où le trio s’était lancé avec talent dans une reprise regroupant deux titres du gourou Aphex Twin. Pourtant, face à l’album Say It, la gueule de bois se pointe rapidement… Si Oh Man n’annonçait pas forcément une telle baisse de régime mais plutôt une entrée timide, les espoirs sont rapidement plombés par Retard Canard, titre Ô combien inutile, aussi répétitif que mollasson. L’album n’est pas autant mauvais, car Born Ruffians se rattrape en fin de disque avec les sympathiques Come Back et Nova Leigh sans pour autant retrouvé la fougue de leur jeunesse ou avec les deux meilleurs titres du disque. What To Say de prime abord décevant qui finit pourtant par dévoiler une certaine mélancolie qu’on n’avait pas forcément aperçu chez eux depuis leur début et Sole Brother sommet de l’album qui rappelle peut être les moins bonnes chansons de Red, Yellow And Blue mais ce qui est encore un niveau au dessus de la grande majorité des compositions de la plupart des groupes. A l’écoute du disque, on peut se demander où sont passés les divagations rythmiques qui ont laissé place à une batterie naviguant à une cadence de croisière ou encore les jeux vocales aliénés au charme incroyable. Ni bon, ni mauvais, Say It est surtout une erreur dans une discographie parfaite. On aurait encore aimé apercevoir en eux ce soupçon de folie enfantine mais au lieu de ça, les Canadiens jouent la carte de la maturité. Pour la suite, on leur souhaite de retrouver le chemin de la fontaine de jouvence car Say It est indéniablement la déception de l’année.

Extrait de l'album : Say It
sortie le : 01 juin 2010
Label : Warp
Myspace
En écoute dans le lecteur à droite
Un avis totalement contraire ici