Chant noir (Carlos Drummond de Andrade)

Par Arbrealettres


Chant noir

Au-dessus du puits tout noir
je me penche, et rien ne vois.
Pour sûr j’ai perdu les yeux
que j’avais enfant.
Pour sûr, je les ai perdus.
Par eux je te fixais, noir,
estampe du lit et prêtre,
gravée en peau, dans la peur.

[...]

Au-dessus du puits tout noir
je me penche; et j’y puis voir,
moi qui commence à vieillir,
un oiseau et un désir.

(Carlos Drummond de Andrade)