1980 – 1991 :

Publié le 03 juin 2010 par Minisym

Les années 80 sont beaucoup plus calme en matière de sortie de disque et Moondog se consacre plus à des voyages à travers l’Europe où il connait un vif succès à Herten et Recklinghausen (Allemagne) en 1981, Paris en 1982, Salzbourg (Autriche) en 1984 et à Stockholm (Suède) en 1986.

Le 19 octobre 1982 l’Atelier de Création Radiophonique de France Culture avec la collaboration de la Biennale, du British Council et du Minister de la Culture organisent le passage de Moondog dans le Grand Auditorium de Radio France dans le cadre de la 12ème biennale. L’ensemble de Jean Jacques Lemêtre qui interpréta certains morceaux inédits était alors constitué d’Eric Aubier (trompette), Patrick Lagorce (trompette), Jean-Michel Vinit (Cor), Rolland Lemêtre (trombone), André Gilbert (tuba), Yves Courhand (clarinette), François Creamer (clarinette), Michel Risse (batterie), Fritz Storfinger (Grand Orgue), Jean Jacques Lemêtre (basson) et Moondog lui même au percussions. Pour annoncé l’événement le musicologue Daniel Caux écrivit à propos de Moondog ces quelques lignes :

Moondog fait partie de ces visionnaires de la musique dont le Nouveau Monde semble être une inépuisable pépinière. De ces créateurs non-conformistes et solitaires, déconcertants d’ingénuité, qui ont l’audace de faire fusionner leur univers imaginaire avec leur existence quotidienne.

Si l’on entend par naïveté une notion de fraîcheur, de sincérité et de grâce naturelle dans l’expression, alors oui, la musique de Moondog est naïve. Il faut savoir la recevoir sans préjugés. Il ne s’agit ni de jazz, ni de rock, ni de recherche expérimentale, mais d’une sorte de musique classique repensée de façon toute personnelle sur des rythme inusité. Des rythmes tels que le 5/4, le 5/2, le 7/2 ou le 5/8 que Moondog marque lui-même en frappant avec une maraca un petit tambour triangulaire de sa fabrication.

Moondog, qui écrit ses compositions en braille, a été longtemps musiciens ambulant sur le trottoir des rues de New-Yok. De son vrai nom Louis Hardin, il est né d’un pasteur protestant dans le Kansas en 1916, et il a passé son enfance en Caroline du Nord, dans le Wyoming, puis dans le Missouri où il a perdu la vue en jouant avec de la dynamite.

Utilisant, selon ses propres termes, « une démarche classique pour atteindre un résultat non classique », Moondog apparaît aujourd’hui, aux cotés de William Bolcom et d’Alan Lloyd qu’il a précédés, comme l’un des précurseurs d’un nouveau courant musical qui s’oppose au modernisme ordinaire de l’avant-garde instituée.

Lors de son passage en suède il travail avec le quatuor à cordes Bracelli, Flaskkvartetten, le Flesk Quartet ainsi que Stefan Lakatos qui joue du Trimba et du Dragon Teeth sur l’album Bracelli. Ce dernier explique que ce disque est un concept inventé par Moondog qui remonte aux années 50. « Bratsche »est le mot allemand pour la viole et « celli »est le pluriel de violoncelle en italien. Il s’agit donc d’une musique écrite pour un un quintet composé de deux violes et deux violoncelles et d’une contrebasse, ainsi que de percussions évidement. A noter l’absence de violon, Moondog n’appréciant guère les sons aigues et les vibratos.

Pour bon nombre des compositions de cette période européenne, on pouvait déjà trouver les premiers essais de ce concept enregistrés sur l’album sorti sur Epic en 1953 : « Moondog and his friends». Les deux morceaux très originaux sur la face B de l’album ; les Suites n°1et n°2. Il y avait de très belles parties musicales de viole et de violoncelle avec un incroyable accompagnement de percussions exotiques.

En 1988 il fut invité aux Transmusicales de Rennes où il joua quelques une de ses compositions accompagné de l’orchestre de la ville. Ce spectacle doit être filmé dans le cadre d’un documentaire réalisé sur Moondog, mais au bout d’une vingtaine de minutes les musiciens se lèvent et quittent la scène, estimant que les caméras filment plus que prévu… Moondog assis sur le coté de la scène comme à l’accoutumée contemple la scène déboussolé, ne comprenant pas ce qui arrive, demandant ce qu’il se passait alors que tout le monde pleurait autour de lui. Dix minutes plus tard les musiciens reviennent, la Symphonie se termine, mais le deuxième set qui devait être présenté le lendemain est annulé. Indignés les organisateurs auront ces mots : « Nous trouvons scandaleuse et irrespectueuse l’attitude des musiciens vis-à-vis du compositeur puisqu’ils se sont interrompus au plein milieu d’une de ses œuvres. ». Quelques jours avant cet incident, Moondog était conduit à Brocéliande par une équipe de caméras venu réaliser un documentaire sur le compositeur, ces mêmes personnes qui allaient, plus tard, trop filmer durant le concert. Reste qu’entre le Val sans Retour et le miroir aux fées Moondog devait, plus que jamais, avoir l’air d’un druide mystique.

L’année suivante Moondog s’en retourne à New York où on le croyait mort et enterré. Là bas, il fera l’ouverture du New Music America festival en dirigeant le Brooklyn Philharmonic Chamber Orchestra – à la demande de son vieil ami Philip Glass – toujours sur le coté de la scène avec un tambour pour donner le rythme. Ce concert fut un véritable succès. Cette année 89 se termine avec une collaboration avec Stefan Eicher sur son album My Place. Les deux hommes se sont rencontrés un an auparavant à Rennes, Eicher participant également aux Trans en 1988.

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