Pourquoi la blogosphère n’en finit pas de mourir ?

Publié le 05 juin 2010 par Ecoleinfo

L’arrêt de nombreux blogs dans la période récente, la diminution du trafic visible à la faiblesses des commentaires posent question au moment où certains continuent de nous annoncer la mort du blog !

Quelques chiffres

Selon Danièle Gazzi, dans un rapport remis au Président de la République française, la France comptait, en septembre 2008, 2.5 millions de blogs actifs sur un total de 9 millions. C’est aujourd’hui le seul chiffre officiel dont nous disposons. La réalité est que nous n’en savons rien ! Le Journal du Net avance, de son côté, le chiffre de 15 à 20 millions de blogs. Combien d’entre eux  sont-ils réputés actifs ? Sur quels critères ?

Diffusion

En France, la presse est avant tout un média d’opinion, du commentaire et de la reproduction… des dépêches de l’AFP et des agences de presse. Les enquêtes coûtent chères à des organes de presse en grande difficulté. De ce fait, l’essentiel des blogs qui composent le top 100 des classements Wikio sont amenés à commenter le commentaire qui, à son tour, est commenté par des commentateurs ! Les petits malins qui agrègent le contenu des médias étrangers nous donnent  l’illusion passagère de concourrir à notre information.

La spécificité de la blogosphère est de recycler ce qu’elle produit en continu : rien ne se perd… rien ne se crée ! Hier, nous apprenions que Brice Hortefeux avait été condamné pour injure raciale. Le 1er blog du classement Wikio des blogs politiques, Partageons mon avis,  en réalisant un billet sur ce sujet, n’oublie pas de faire un backlink vers le blog de son “ami” Rimbus. Le blog Rimbus est 14e au classement Wikio et les deux blogueurs sont sur des sensibilités politiques assez proches. Amusant de constater que 2 des 4 commentateurs du billet publié sur le blog Partageons mon avis sont des blogueurs. Entre nous, quelle peut-être la valeur ajoutée d’une telle “information” ?

Propulsion

L’émergence des réseaux sociaux, de Twitter et de Facebook notamment, a considérablement changé la donne. Sur la recherche “Brice hortefeux condamné” dans Google, vous vous apercevrez qu’aucun blog n’apparaît dans la première page. Les médias institutionnels écrasent les blogueurs en terme de visibilité.

A la lecture des nombreux tweets qui ont été produits sur ce sujet, la majorité des liens réalisés dans Twitter par les “propulseurs” - selon l’expression de Thierry Crouzet - pointent vers des sites “institutionnels”. Twitter contribue ainsi au déclassement des blogs dans l’index des moteurs et à une chute d’audience en faveur des sites internet de la presse écrite. Le même raisonnement vaut d’ailleurs pour Facebook !

Substitution

A la manière de ces villes fermées qui fleurissent un peu partout dans les pays développés, de nombreux internautes ont fait le choix de publier exclusivement leurs contenus dans Facebook. L’avantage de Facebook est de ne disposer d’aucun outil de mesure de votre audience. Or, en dehors des pages publiques de plus en plus nombreuses et de plus en plus visibles dans les index des moteurs, les spiders sont dans l’incapacité de référencer les contenus privés. Le contenu produit n’est accessible qu’à la condition que vous soyez accepté-e selon le bon vouloir de celui qui produit l’information ! Facebook constitue une rupture dans le flux.

Pratiques

Dans ce contexte d’émergence de Twitter et de Facebook, les pratiques des blogueurs sont très largement en cause. Plutôt que de travailler sur leur visibilité dans les moteurs et sur leur audience, ils raisonnent hélas en terme de classements qui sont à Internet ce que le cimetière est à l’éléphant. Plus simple à comprendre et à faire même si leur aspect mortifère n’aura échappé à personne ! On pourrait aussi évoquer la qualité de ce que produisent les blogs. Pour l’heure, la plupart d’entre eux ne se contentent que de reproduire ! Normal dans ces conditions que nous nous désintéressions de ce qu’ils produisent.