L’ombre du vent – Carlos Ruiz Zafon

Publié le 07 juin 2010 par Dflasse

Certains livres ont une vie propre et veulent absolument finir entre vos mains. Une amie enthousiaste m’avait déjà prêté le L’ombre du vent et je l’avais laissé tomber au bout d’une trentaine de page en soupirant d’agacement. Le ton, le style, le sujet me déroutaient tout en me laissant de glace. Entretemps, j’ai lu beaucoup de commentaires dithyrambiques sur ce bouquin (à l’exception de l’article en boulet de canon de Reka) et j’avais beaucoup de connaissances qui me poussaient à fléchir ma détermination de ne pas retenter l’expérience. Ce livre est ce qu’il est convenu un phénomène de librairie porté par sa réputation et le bouche-à-oreille.C’est ainsi qu’un proche qui ne lit jamais et qui a voulu me faire plaisir en m’offrant un livre soigneusement choisi en accord avec mes goûts et les conseils du vendeurs. Je ne pouvais plus me défiler.

J’ai relaté cette anecdote car la vie des livres est un des thèmes traité par L’ombre du vent. Un enfant de 11 ans (Daniel) est emmené par son père dans le cimetière des livres: un lieu -qui fleure bon la tendance pseudo gothique à la mode) où sont entreposés tous les livres disparus. Daniel en adopte un (ou le livre adopte Daniel). Daniel décidera d’enquêter sur l’auteur du livre. C’est sur ce socle fort fragile que Zafon bâtit une intrigue prévisible et passablement ennuyeuse. Seul le contexte (Barcelone après la guerre civile au coeur du franquisme) sauve le roman.

L’histoire se déroule sur plusieurs plans: celui du narrateur, celui de l’auteur du livre sur lequel il enquête et celui qui régit le destin de l’auteur du livre (vous me suivez toujours?). Ce jeu de poupées russes littéraires qui prend la forme d’une perpétuelle mise en abîme est assez déroutant mais pas trop désagréable même si la ficelle est trop grosse à mon goût. Ce qui est nettement plus pénible est le style à la fois gothique et désuet choisi du texte. La lecture est facile et on se surprend à lire des chapitres entiers sans lever la tête mais, paradoxalement, je n’avais pas envie de l’ouvrir. Ses personnages ont ce côté artificiel des feuilletons du début du 20ème siècle avec un vilain sans nuance, un faire-valoir plein de ressources et de mystères, un héros naïf et perclus de valeurs morales.

Je peux comprendre que le livre ait eu du succès car il est bien écrit et relate une histoire à tiroirs qui ferait frémir d’aise les nostalgiques de Dumas ou de Stevenson. Je comprends plus difficilement les lecteurs réguliers plus difficiles à satisfaire par nature qui encensent ce roman. Carlos Ruiz Zafon recycle des recettes éculées pour boucler un récit qui ne m’a soulagé que de quelques bâillements. On me dit que L’ombre du vent est un livre magique et poétique. Je l’ai trouvé naïf et prétentieux.


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