"La mort en ce jardin", de Luis Bunuel

Par Gicquel

Le film

2.5 out of 5 stars

Les bonus

2.5 out of 5 stars

08 juin

« La mort en ce jardin » de Luis Bunuel (Editions Montparnasse)


Avec Simone Signoret, Michel Piccoli, Georges Marchal,Michèle Girardon, Charles Vanel…

Scénario : Luis Buñuel, Raymond Queneau,Luis Alcoriza, d’après le roman éponyme de José-André Lacour

Après « Close-Up » de Kiarostami, «Katyn » de Wajda et un coffret 4 DVD dédié aux premiers films de Nanni Moretti ( également dans ce blog) Luis Buñuel entre dans la collection MONTPARNASSE CLASSIQUES, avec ce film aussi emblématique que déconcertant qui se déroule proche de la frontière brésilienne, où des prospecteurs  exploitent des terrains diamantifères. L’annonce, par le gouvernement de la nationalisation des mines entraîne une première manifestation brutalement réprimée. Celle qui suivra contraint une petite équipe hétéroclite à fuir la ville.

Il y a là Shark, l’étranger, Maria, une jeune sourde-muette protégée par son père Castin, un prospecteur bigot, et Lizardi, un missionnaire, qui n’arrive pas à calmer la population. Par un concours de circonstances, le voici  lui aussi en fuite dans la jungle en compagnie de Djin, une prostituée…

Cet étrange tableau, Bunuel le dépeint magnifiquement dans la première partie, au cours de laquelle les événements de l’Histoire s’inscrivent dans les relations que tous les protagonistes vont tisser entre eux, et parfois malgré eux. C’est la phrase merveilleuse de Djin, sublime  Simone Signoret qui pourtant n’avait qu’une envie : rejoindre Yves Montand en Europe. S'adressant au père missionnaire faussement pris en défaut, elle lui dit : 'C’est difficile d’être jugé quand on n’est pas coupable'.

Si cette première partie conserve une acuité narrative évidente, la seconde, plus axée sur les caractères, a pris à mes yeux un sérieux coup de vieux. Nous sommes maintenant dans la jungle, espace idéal pour toutes les folies de Luis Buñuel. L’adorable Charles Vanel se tranforme en tueur divin, Michel Piccoli, prêtre prêcheur, y perd son self-control et devient admirable dans une scène mémorable sous la pluie où il conte son obsession pour… les œufs… L’acteur est alors peu connu.  L’inversement des rôles est alors très prévisible, et malgré l’analyse pertinente qu’en fait Philippe Rouyer dans les suppléments, ces personnages à la dérive n’arrivent plus à me passionner.


Une fois admise la subversion des codes du film d’aventure, pour un film de personnages, le trait demeure à mon avis très léger, et malgré quelques scènes étonnantes (les fuyards en guenilles réussiront à dénicher des toilettes de salon), je n’ai qu’une hâte. Que cette jungle en finisse…


Compléments DVD

Un film américain de Luis Buñuel Entretien avec Charles Tesson


Critique, ancien rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma et enseignant à l’université de la Sorbonne nouvelle, Charles Tesson est l’auteur d’un essai sur Luis Buñuel (Cahiers du Cinéma, « Auteurs », 1995) et d’un ouvrage sur le film El de Luis Buñuel (éd. Nathan, « Synopsis », 1996).

Il analyse les thèmes récurrents de Buñuel, et met en avant le fait que « La mort en ce Jardin » est le film où il y a le concentré le plus fort de toutes les obsessions bunueliennes. Il compare aussi Buñuel aux grands maîtres du cinéma Hitchcock…et sa phobie du contenu des sacs à main , Huston pour « African queen » -dans ce blog- auquel on pense effectivement ou bien encore Fritz Lang…

À sa main Entretien avec Philippe Rouyer


Critique de cinéma à Positif et à Psychologies, Philippe Rouyer remet le film dans son contexte, en parlant des relations entre Buñuel et ses acteurs, du livre de José-André Lacour, de l’écriture du scénario… Il livre également des analyses poussées de deux scènes du film.

20 €

Prochainement en DVD dans la collection : Nikita Mikhalkov.