Les croustillants de poulet aux flocons de patate et la honte cosmique du Dr. Slurp

Par Estebe

Bien le bonjour chez vous


L’autre jour
, le pote Nanard et mèzigue conversions agréablement d’une foule de sujets graves autant que variés. Pinard et cuisine, en gros. Et brusquement, Nanard nous balance un scoop en plein museau. «Pour paner un machin, tu peux utiliser des patates en flocons, ça marche à donf’
De la purée déshydratée en guise de chapelure? Quelle idée merveilleusement séditieuse! Quelle maligne manière de recycler la laideur agroalimentaire sur l’autel de la plus gourmande ingénierie domestique!
Pour mettre en œuvre ce concept défrisant, toutefois, un écueil se dressait devant nous: acheter ledit ingrédient. C’est que le Dr. Slurp jouit d’une certaine aura en ville. Et se faire choper en flag avec un paquet de purée instantanée équivaudrait à dynamiter une réputation de puriste culinaire laborieusement bâtie au fil de chroniques vengeresses. Imaginez donc le pape Benoit The Sixteen surpris à la pharmacie en train d’acheter des capotes fantaisies.
Nous voilà donc rasant les linaires de la supérette, avec le paquet de patates en flocons soigneusement camouflé dans le chariot, sous un gigot bio de belle origine et quelques autres denrées aux CV indiscutables. Emplettes crispées, mais sans heurt... jusqu’à la caisse. Après avoir déniché le paquet de la honte, la dame s’en saisit. Le brandit fièrement. Et hurle à sa collègue: «LA PUREE STOCKI, C’EST COMBIEN, DÉJÀ??!! »
Estèbe devient tout rouge. Et bafouille à la cantonade une imbitable histoire de cousine édentée et malade, trop faible pour écraser ses pommes de terre. Trop tard. Le mal est fait. La foule se masse, en le montrant du doigt. Les téléphones portables crépitent. Les journalistes débarquent. L’histoire fait le tour de la Terre. Le cosmos se gondole. Estèbe n’est plus qu’un vieux flocon de patate aux yeux de ses contemporains.


Bon, on se calme. On passe en cuisine. Pour préparer ces ravissants croustillants de poitrine de poulet panés à la patate, romarin et tomates séchées. Oui, je sais : au MC Do, on appelle ça des nuggets. Chez nous, pas. Na !


Pour deux personnes. Découpez en parallélépipèdes gracieux 300 grammes de blancs de poulet. Bio, le poulet. Salez, poivrez, puis farinez. (Le truc du Dr Slurp? Shakez la volaille avec la farine, le sel et le poivre dans un sac en plastique: über efficace. Ne me remerciez pas.)
Dans un bol mélangez un sachet de flocons de pomme de terre avec quelques brins de romarin émincés et quatre tomates séchées hachées. Salez et poivrez avec véhémence.
Dans une coupelle, battez un œuf en omelette.
Puis passez le poulet fariné d’abord dans l’œuf, puis dans les flocons de pomme de terre.
Poêlez illico, à feu mezzo, dans une noisette de beurre et une larme d’huile d’olive.
Quand le poupou est bien doré, la messe est dite, le miam prêt et l’assistance ravie.
Bref, la cuisine, c’est une aventure de tous les jours. Voire plus.
Commentez cette affirmation. Je relève les copies dans quatre heures.
PS: On avale les glorieux nuggets avec une salade verte et un gamay pur et plein, au fruité follement croquant. Exactement comme l’épatant Chiroubles de Jean-Baptiste Selles. Bonne adresse que voilà. Oui Madame.