Je m'excuse auprès de mes bronchioles. Je n'ai pas tenu ma parole. Je leur avais promis une terre sans fumée et sans toxiques. Mais voilà que j'ai succombé. Huit cigarettes ont fait de moi un imposteur.
Oui Monsieur le juge, je suis coupable. Je reconnais mon crime. Condamnez-moi ! Cependant, prenez note des circonstances atténuantes. Au fond, je ne suis qu'une victime, un misérable toxicomane dépossédé de sa propre volonté.
Permettez-moi de vous exposer les faits. Cet après-midi, en rentrant du boulot, je suis tombé sur un paquet de Camel. Mon ami n'ayant pas fait voeu d'abstinence tabagique, continuait quotidiennement à s'en procurer. J'ai d'abord pensé prendre une nicorette, comme ce que je faisais depuis une dizaine de jours. Puis, sans vraiment le concevoir, j'ai été pris soudainement d'un élan qui ne manquait pas de me surprendre. Je me suis furieusement jeté sur ledit paquet ! C'était plus fort que moi. C'était une envie irrépressible. Ma raison ne répondait plus. Je l'ai ouvert et j'ai commencé à m'en allumer une, puis deux, puis trois... puis huit, jusqu'à ce que je réalise l'étendue du drame...
Voilà comment la faute fut commise. Croyez-moi, il n'y avait dans tout cela rien de prémédité.
Alors je vous en conjure, Monsieur le juge, je ne vous demande pas l'absolution, mais veuillez alléger ma peine. Je ne suis finalement qu'un pitoyable intoxiqué déjà privé de sa liberté...