Il est plus facile de négocier avec un chef d'Etat qu'avec un syndicaliste !

Publié le 07 décembre 2007 par Alain Ayache
Le gouvernement, ou plus précisément le Président de la République, a des idées, mais elles ont du mal à être transformées.
Sur les 35 heures, abomination de la désolation, on y va sans y aller franchement alors que le courage politique, en tous les cas, si l'on reparle de rupture, eût été tout simplement de les abolir.
Il en est, hélas, de beaucoup de réformes qu'on évoque mais qui au final ne seront que des réformettes.
Ce n'est pas la faute de Nicolas Sarkozy.
Il y a une France composée de 53 % d'électeurs qui ont voté pour que des réformes, celles promises urbi et orbi par le candidat, soient réalisées, et de l'autre côté, il y a les syndicats qui représentent au maximum 8 % des salariés, qui s'y opposaient.
C'est avec eux qu'il faut négocier pied à pied.
Ainsi va la France.
On constate qu'il est plus facile pour un chef d'Etat de négocier avec un homologue étranger que de parvenir à un accord sur des propositions de bon sens, bénéfiques pour la France, avec des représentants syndicaux !
C'est pour cela que notre pays a pris un tel retard face à ses plus dynamiques partenaires européens.
C'est pour cela que, faute de se frotter aux dures réalités, Jacques Chirac a préféré coincer la bulle pendant douze ans à l'Elysée.
Certes, Sarkozy, qui fonce tous azimuts, contraignant les syndicats guère habitués à être submergés par les dossiers qui s'accumulent, prend le risque de les déstabiliser mais aussi d'être mal compris des siens.
Mais c'est au prix de cette prise de risque qu'on peut espérer voir notre pays relever la tête.
Nous sommes l'un des dix pays les plus riches du monde, nous ne sommes pas les rois du pétrole, mais nous avons des atouts considérables qui sont massacrés par des lois et des dictats administratifs qui rendent fou quiconque n'a pas passé dix ans dans une école à fabriquer des esprits alambiqués.
Nous sommes un pays où il faut rentrer la tête sous l'eau si on a, par son travail, le bonheur d'avoir réussi.
Problème de mentalité, absence de pédagogie des pouvoirs publics, démagogie bêtifiante.
Surtout il dit tout haut ce qu'il veut faire, il ne s'embarrasse pas de mots ampoulés, il affiche sa modernité et il envoie sur les roses ceux qui ont l'art d'oublier que nous sommes au XXIe siècle.
Alors faisons lui le crédit d'audace, mais saluons son courage de vouloir changer les choses, donner à la France la place qu'elle mérite dans le monde et de ne pas se contenter d'être un figurant dans cet univers qui bouge chaque jour toujours plus vite.