THE MELVINS ::: The Bride Screamed Murder

Publié le 12 juin 2010 par Gonzai

Bonjour, moi c'est Melvins, je suis né en 1983 à Aberdeen, un certain Cobain m'aimait beaucoup. J'aime pas les bassistes, j'en en ai viré six, ou huit, je sais plus. Mais vous vous en foutez non? Tant mieux moi aussi. J'aime mon batteur, Dale Crover (Il est rigolo, il a joué avec Nirvana) et Kiss. Celui que j'aime le plus c'est Buzz Osbourne, mon frontman, il chante et il joue de la guitare. Il est là depuis le début, il m'aime. Il me quittera jamais. J'ai oublié de vous dire, si vous me connaissez mais que vous m'aimez pas je m'en fous, c'est votre problème, je changerais pas. Pas pour vos beaux yeux, en tout cas.

Après avoir pioché dans le futur des musiques bruyantes que tout le monde s'amuse à ne pas écouter, après le triptyque Atlantic Records - mi-fendard mi-foutage de gueule - et après la rapide traversée du désert maudit des groupes qui cherchent à ne plus avoir de bonnes idées, les Melvins foncent dans un style que l'univers entier rêve de ne jamais entendre: la seconde rencontre entre ces flibustiers du bon goût et Queen. La première rencontre, le commun des sombres mortels rompus aux arts ésotériques des Melvins pouvaient l'entendre sur Stag, conclusion de l'heureuse signature du groupe chez Atlantic. Sur Bride Screamed Murder, c'est le monde qui peut entendre cette collision lapidaire et extravagante.

Deux voix à l'unisson et deux batteurs qui se branlent et qui aiment ça. Jusqu'ici rien de nouveau dans cette vrai fausse collaboration Melvins/Big Business. Mais à y regarder de plus près, on n'est jamais en dessous de la barre des trois minutes (ce qui n'était pas le cas sur les deux d'avant) et surtout, surtout, on est traîné sur une bonne centaine de kilomètres tortueux. On y voit Roger Daltrey cognant une bande de nains ivrognes mangeurs d'hommes, la tête de Captain Beefheart discutant des vertus du LSD avec Tony Iommi et King Buzzo shampouinant nerveusement sa grosse tignasse. C'est revigorant, c'est frais, c'est parfois fatiguant mais contrairement à plus de la moitié des disques des Melvins, ça n'est jamais chiant. Les idées fourmillent, dévorent la sobriété, annihilent la lenteur, vous bondissent à la jugulaire et piétinent inlassablement quatre ans de carrière bonnes mais pas franchement radieuses.

A classer sans hésitation dans votre best of Melvins (ou dans le mien si vous n'aimez pas la musique), The Water Glass, tonitruand gloubiboulga où le chant a capella côtoie le riff gras du chevelu d'Aberdeen. I'll Finish You Off, impressionnante piste schizophrénique qui fracasse un mantra rock sans perfecto sur un orgue EC comics. Enfin My Generation, reprise burlesque des Who qui ressemble à tout sauf à l'original et qui prouve que les Melvins excellent toujours dans l'excavation irrespectueuse des classiques du rock.

A vrai dire toutes les pistes méritent d'être rangées dans votre meilleur best-of Melvins.

Bride Screamed Murder, c'est du très bon Melvins et le très bon Melvins ne se contente pas de tubes, le très bon Melvins est un anti-tube de plusieurs pistes (nombre variable, allant de 1 à 16) qui lutte férocement contre l'auditeur inattentif. A chaque intro de chansons, c'est la même rengaine, un truc redondant: du riff metal assommant. Puis, la première minute passée, c'est la grande surprise, on change de monde, on ne sait même plus vraiment si c'est toujours la même chanson. Et comme les Melvins, malgré les apparences, ne sont pas une bande de crétins atrophiés du bulbe, les deux dernières laissent tomber l'agaçante formule. Si vous êtes arrivez jusque là, alors vous mérité d'écouter le cul des Melvins chanter les Who et Peggy Gordon, chanson folk bien connu de nos amis les Anglo-Saxons.    

Je ne vais pas vous faire l'éternel, on classe pas les Melvins. Ils parcourent les genres comme Bouvard parcoure les femmes,etc etc... Mais c'est tout de même très vrai: On ne classe pas les Melvins.

The Melvins // The Bride Screamed Murder // Ipecac Recordings
http://www.myspace.com/themelvins