Anthologie permanente : James Sacré

Par Florence Trocmé

James Sacré publie En tirant sur les mots, aux Éditions Potentille. A propos de ce livre, lire la note d’Antoine Emaz
 
 
N’importe quels mots c’est bon, tu peux tout recopier 
Comme fait le peintre Chaissac, c’est 
Nouvelles du monde et matière 
A ses lettres qu’il envoie, et que répondre 
ça n’a pas d’importance. 
Bout de papier journal pour envelopper un achat, 
Ou le courant continue de parole 
Qui va de l’enfance à la mort 
En traversant ton corps. C’est toujours de la copie 
La poésie. Mais jamais qu’un peu : 
Si on voit rien mieux ? 
 

 
A force de penser que sans doute 
On ne dit rien de ce qu’on voit ni 
De ce qu’on aime, en poésie, 
Et qu’aussi l’affaire de rythme et de mise en forme des mots 
N’est qu’un léger engrenage de l’humeur qu’on a 
Avec plein d’imprévues contingences, 
A force, 
On n’a plus pour écrire 
Qu’un vague mais persistant souci 
De proposer un poème. Encore un autre. Un autre et le même. 
 

 
L’autre et le même, et pourtant pas : 
A chaque emportement des mots 
Un léger neuf, ou simplement 
Qu’écrire est aussi du vivant : 
Jamais deux fois juste pareil, 
Et comme en plus un peu qu’on a 
Le plaisir de s’y reconnaître.
Comme on remet du foin propre 
A l’intérieur de sa galoche. 
 
 
James Sacré, En tirant sur les mots, éditions Potentille (avril 2010), p.16, 17 et 18. 
 
par Ariane Dreyfus 
 
James Sacré dans Poezibao :  
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