L’amour parfois se tronque comme un membre amputé (Roberto Juarroz)

Par Arbrealettres


L’amour parfois se tronque
comme un membre amputé,
mais le vide continue de faire ses gestes,
que quelqu’un peut-être recevra.

Bien que l’amour s’en aille,
le mouvement d’aimer ne cesse de se tendre.
C’est pourquoi il n’est pas surprenant
que si l’amour revient
ses gestes s’entremêlent
avec les gestes antérieurs.
Et qu’apparaissent des amours
qui errent de par le monde
avec des gestes doubles,
des amours qui semblent deux amours.

Il n’est pas rare, de la sorte,
que nous confondions un amour avec un autre,
jusqu’à aimer celui qui n’est plus
à la place de celui qui est.

(Roberto Juarroz)


Illustration: Johann Heinrich Füssli