Saga d’une levée : Quand peut-on lever des fonds ?

Publié le 15 juin 2010 par Marcschillaci
Hier, je répondais à différentes de vos questions regroupées sous le thème « Que signifie lever des fonds ? ».

Il semblerait que l’autre groupe de questions qui vous préoccupent tourne autour du thème « Quand peut-on lever des fonds ? ».

Bien sûr, je n’ai pas la prétention de donner une méthodologie. Il s’agit là d’un partage d’expérience et non d’une science exacte. Chaque cas est spécifique bien que répondant à un certains nombre de facteurs communs.
Toutes les entreprises n’ont pas besoin de lever des fonds. Il ne viendrait sans doute pas à l’idée d’un artisan garagiste de se faire coter en bourse ; il ne viendrait pas non plus à l’idée d’un constructeur automobile de ne pas aller chercher les ressources nécessaires où elles se trouvent.
La même analyse vaut pour l’Internet marchand. Une belle WebAgency spécialiste du commerce en ligne n’a ni les mêmes besoins et ni le même marché qu’une plateforme technologique de vente en ligne.
Si on a le désir de lever des fonds, il faut avant tout se demander si la possibilité existe, car on peut être un brillant entrepreneur et ne pas diriger une société ayant capacité à lever des fonds.
Au risque d’être un peu trivial - les spécialistes me pardonneront, lorsqu’un fond de 10M€ investit 1M€ dans 10 entreprises, 5 faillissent, 3 valent à peu près la même chose après 5 ans, une va doubler de valeur et une autre verra sa valeur s’envoler en faisant un x10 ou x20.
Faites les comptes : 5x0+3x1+1x2+1x15 = 20. 10 investis, 20 récupérés cinq ans plus tard.
C’est bien, mais ce n’est pas non plus l’Eldorado !
Donc, si vous avez une entreprise de belle qualité mais dont la valeur ne peut pas se multiplier par 10 en 5 ans, vous aurez probablement du mal à trouver des investisseurs professionnels. En effet si le potentiel des 10 entreprises choisies n’était pas de faire « fois 10 », aucune n’aurait levé des fonds.
A cette nécessité première, s’ajoute la qualité de l’équipe qui passe même avant la qualité du produit ou du service. Être deux ou trois excellents associés, c’est bien, mais être entouré de quelques managers particulièrement brillants est indispensable. Sinon, passez votre chemin.
S’entourer rapidement de gens meilleurs que soi démontre aussi sa propre capacité à recruter et fidéliser les meilleurs. Les investisseurs savent que c’est fondamental pour grandir et sont heureux de voir que vous le faites très vite.
Enfin, supposons que vous soyez sur un marché explosif, que votre service soit excellent, que votre équipe soit « au top » … reste à voir si un concurrent n’a pas bouché le marché !
Pourquoi ? Parce que lorsqu’un marché est explosif, cela donne des idées aux suiveurs qui se disent « pourquoi pas nous ? ».
Et c’est là que le « premier arrivé, premier servi » joue son rôle.

Il vaut mieux être le premier en tout, car le plus souvent, il n’y a pas de place pour être plusieurs. 
En tous cas, peu d’investisseurs parieront sur les suiveurs, s’ils ont vu le dossier du leader et n’y sont pas allés.

Lever et re-lever des fonds avant les autres, c’est aussi rendre la vie beaucoup plus difficile à ses concurrents, quel que soit le secteur dans lequel l’entreprise exerce.
Alors, quand lever les fonds ? Dès que possible en évaluant bien SI c’est possible !
Avant l’heure, ce n’est pas l’heure, après l’heure … c’est trop tard.
Ce qui m’amène introduire la thématique de demain : Pourquoi doit-on lever des fonds ?
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