Wonderful Days

Par Ledinobleu

En ce XXIIéme siècle rongé par les dérèglements climatiques, l’Humanité toute entière vit sur une île isolée : si la ville d’Ecoban est conçue pour se « nourrir » des déchets industriels, celle de Mer n’a pas de tels moyens, alors ses habitants croupissent dans la misère, la violence et la faim, et certains servent d’ouvriers pour les chantiers d’Ecoban. Pour assurer son pouvoir, celle-ci maintient la pollution dont elle tire sa suprématie. Alors la révolte gronde dans les rues de Mer, et un groupe de résistance se met en place.

Au milieu de ce tumulte se retrouveront deux amis d’enfance jadis séparés par la jalousie et la haine. Membre de la police d’élite d’Ecoban, c’est en enquêtant sur la tentative d’infiltration d’un terroriste de Mer que Jay apprend à douter de la véritable nature de sa cité et de ses dirigeants. Peu à peu, le fragile équilibre commence à se fissurer…

Un résultat mitigé et inégal pour un projet qui se voulait apparemment ambitieux et qui réussit son coup au moins sur le plan technique. Bien sûr, ce film ne va pas sans rappeler Final Fantasy : les Créatures de l’esprit compte tenu de l’omniprésence de l’image de synthèse pour les décors. Venant de gens qui ont participé à Macross Zero, on aurait tort de s’attendre au pire. Quant aux personnages animés à la traditionnelle, ils s’intègrent très bien aux décors binaires dantesques qui m’ont fait regretter d’avoir vu ce film sur petit écran : au contraire d’un Ghost in the Shell 2 : Innocence qui se voulait surtout symboliste dans l’imagerie, les visuels de Wonderful Days ont pour but de gifler le spectateur et réussissent plutôt bien leur coup.

Les costumes des habitants d’Ecoban rappellent une sorte de mix entre la Guilde de Last Exile et The Five Star Stories – le (tristement méconnu en France) chef-d’œuvre de Mamoru Nagano – alors que les gens de Mer sont habillés de manière plus traditionnelle et « contemporaine » dans un style évoquant assez Mad Max. Les mécaniques et les architectures, quoique parfois un peu improbables, montrent un style fin et adroit qui ne manque pas de créativité et de charme dans le cas d’Ecoban, ou bien au contraire s’inscrivent en droite ligne dans une tradition « réaliste » perclue de saleté et de rouille pour ce qui est de Mer ; un tel contraste souligne ainsi davantage le fossé qui sépare les deux cités et permet au spectateur de saisir en un coup d’œil l’opulence d’une cité et la misère de l’autre.

Si les personnages sont un peu stéréotypés, et certains des secondaires à la limite de la caricature, la plupart restent assez cernés pour être attachants malgré tout, en particulier durant le final plutôt explosif. Hélas, certaines situations ne vont pas sans évoquer les oreilles de Mickey, même si ça aurait pu être pire, d’autant plus que les chara designs sont très occidentalisés dans l’ensemble : on se dit que les producteurs avaient une ambition internationale pour leur film et auraient dû y réussir vu leurs efforts mais seulement voilà, je n’ai jamais vu ce film à l’affiche dans une salle proche de chez moi et pourtant j’habite une ville de taille respectable avec de nombreux cinémas et multiplexes… Je n’en ai même pas entendu parler aux infos… Quel dommage qu’on ne permette pas aux gens de réaliser que les productions d’animation ne s’arrêtent pas à Pokemon.

Globalement, Wonderful Days est donc un film sympathique et plutôt réussi qui semble malgré tout souffrir d’un peu « trop » de compromis comme le fit en son temps Final Fantasy : les Créatures de l’Esprit. Il reste néanmoins une production tout à fait honorable, et dont le propos est bien plus en prise avec le présent et ses préoccupations que ce que son univers futuriste peut le laisser croire au premier abord.

Récompense :

Grand Prix de la section Anim’arts du festival de Gérardmer en 2004.

Wonderful Days (Sky Blue), Saeng Kim Moon, 2003
Fox Pathe Europa, 2007
87 minutes, env. 15 €