51.Les cheveux au vent, le pied en sang

Publié le 16 juin 2010 par Melaniepiqpiq
Après 3 jours de farniente intégral(ou d'apathie totale, au choix), avant de nous transformer définitivement en limaces géantes, nous avons loué des scooters pour aller explorer l'île... enfin, pour nous aventurer en-dehors du périmètre de 1000 mètres dans lequel nous étions restés paresseusement confinés jusque là.
L'île étant sacrément vallonnée, l'usage d'un véhicule motorisé est pleinement justifié. Il faudrait vraiment être un cycliste professionnel (ou un masochiste confirmé) (ou un inconscient de première) pour tenter l'aventure à (et non pas en) vélo. D'ailleurs, la location de vélo n'est même pas proposée.
C'est ainsi que j'ai fait mon baptême du scooter en tant que conductrice.
Après un démarrage un peu laborieux (euphémisme), tout va bien pendant les 100 premiers mètres. Ça va tout droit, c'est plat. C'est après le premier demi-tour que ça se corse: le naturel, c'est-à-dire la conduite à droite, est revenu au galop. Eh oui, au cas où vous ne le sauriez pas, la conduite à gauche est de mise en Thaïlande aussi. Quelle idée. J'ai évité de peu la collision frontale avec un autochtone dont j'ai d'abord interprété les grands gestes affolés comme des salutations enthousiastes, que je lui ai poliment retournées.
Une fois compris le principe de la conduite à gauche, j'ai continué un peu plus loin. Je passe brillamment le test de la première montée et du premier virage, à une vitesse qui m'aurait valu de me faire qualifier de « papi gapette »en France. Prenant confiance en moi, j'accélère un peu pour les suivants... J'avais pas le choix de toute façon parce que les pentes étaient tellement abruptes (genre 90º) (sans exagération aucune) que j'avais peur de les redévaller en marche arrière contre mon gré si j'allais trop lentement. J'arrive en haut d'un redoutable virage à au moins 110º (chiffre réel, cette fois-ci), et c'est là qu'arrive ce que je redoutais depuis le début: je confonds freinage et accélération.
C'est mon bon vieil instinct de cycliste qui m'a permis de ne pas atterrir dans le décor: j'ai utilisé le pied pour freiner... (j'entends d'ici vos cris de compassion)
Sauf qu'en général, je ne pédale pas en tongs (j'en ai usé, des bouts de chaussures).
Résultat: amochement du gros orteil droit. Pour la première fois de ma vie, j'ai vraiment compris l'utilité d'un ongle. Et pour la première fois depuis le début du séjour, l'usage local qui veut qu'on retire ses chaussures dès qu'on rentre dans un bâtiment (que ce soit maison, magasin ou restaurant) me gêne, étant synonyme de frottement de la lanière de ma tong sur mon doigt de pied blessé.
Mais vous ne pensiez quand même pas que j'allais rester sur cet échec?
prête pour le prochain virage (zoomez sur le pied droit, ça vaut le coup d'œil)
Le lendemain, c'était reparti pour un tour. Nous avons fait une pause-animaux assez rapidement. J'ai littéralement fondu devant un petit singe d'un an qui a réveillé mon instinct maternel (pourtant bien enfoui)... Il sentait bon le bébé et ne voulait plus quitter mes bras.
Il cherchait en vain le lait, l'innocent...
regardez-moi ces minuscules ongles... a-do-rable, mais pas autant que les dents microscopiques (que vous ne verrez pas).
Quand je serai vieille et seule, je saurai quoi adopter...
La seule chose qui m'ait attristée, c'est qu'il ne soit pas en liberté. On voit des singes partout sur l'île à l'état sauvage, en particulier sur les fils électriques, mais ils se meuvent tellement rapidement que je n'ai pas encore réussi à prendre une photo qui ne soit pas floue.
Après des adieux déchirants avec le bébé singe, je suis allée nourrir les éléphants. Moi qui me pensais goinfre... comparée à ces pachydermes, je suis l'exemple même de la mesure et de la lenteur à l'ingurgitation. Ils engloutissent en moyenne 250 kilos de nourriture par jour, sous forme de bananes, ananas et noix de coco. Et pensiez-vous qu'ils prendraient le temps d'éplucher, peler ou découper? Que nenni. J'avais acheté un régime entier de bananes...

que le cochon(façon de parler) s'est enfilé en quelques minutes. A peine approches-tu la banane de son impressionnante trompe

qu'il la happe, la porte à sa bouche et la gobe sans macher (du moins c'est l'impression que j'ai eue). En guise de remerciement, il m'a envoyé une giclée de morve sur la main. Et pensez-vous qu'il aurait donné ne serait-ce qu'une bouchée de banane à son bébé?
il avait pourtant l'air affamé, le pauvre petit bonhomme.
Un baptême par jour étant suffisant, j'ai jugé raisonnable de garder le trekking à dos d'éléphant pour plus tard.
Surtout qu'un autre baptême était prévu: celui de la plongée sous-marine.
Rendez-vous dans le prochain post pour la suite de la série « Adrénaline et blessures de guerre à Koh Chang ».