L’Arbre le Temps (Roger Giroux)

Par Arbrealettres


L’Arbre le Temps

J’étais l’objet d’une question qui ne m’appartenait pas.
Elle était là, ne se posait, m’appelait par mon nom,
doucement, pour ne pas m’apeurer.
Mais le bruit de sa voix,
je n’avais rien pour en garder la trace.
Aussi je la nommais absence,
et j’imaginais que ma bouche
(ou mes mains) allait saigner.
Mes mains demeuraient nettes.
Ma bouche était un caillou rond
sur une dune de sable fin:
pas un vent,
mais l’odeur de la mer
qui se mêlait aux pins.

(Roger Giroux)