Les arts forains s’agitent aux puces de Saint Ouen

Publié le 18 juin 2010 par Topika

L’esprit forain anime la fête des puces. Alors que Lyon fête les gitans avec le spectacle de Tony Gatlif, le grand spécialiste du monde gitans, « Danjgo Drom », hommage à Django Reinhardt, les puces de Saint-Ouen lancent les arts forains, ce même week-end, avec un concert de jazz musette. Le genre créé par Reinardt est encore bien vivant et pour inaugurer la fameuse Fête des Puces, cette année, les stars du genre (Marcel Azzola, Swan Berger, Ddorado Schmitt Family) comptent bien entraîner tous les visiteurs dans leur univers.


Du 18 juin au 27 juillet 2010


L’univers des arts forains recréé du 18 juin au 27 juillet envahit les stands des antiquaires du Marché Paul Bert-Serpette. Ce mini village prend des allures de fête pendant plus d’un mois. Le reste de l’année, les allées sont remplies d’objets de toutes sortes, de toutes les couleurs et dans tous les styles. Des sièges aux allures dégarnies côtoient des portraits de soldats, en passant par des statues ou encore des meubles de cuisine des années 50. Errer dans les allées du marché Paul Bert entraîne dans un endroit hors du temps. Le stand de Madame Morel rassemble du design des années 50/70. De loin, l’endroit paraît vide et pour qui n’y connaît rien, épars de vieilleries. Mais il suffit de s’intéresser de plus près à cette dame pour découvrir que le cendrier posé près de la chaise en plexiglas des années 70 est un Roger Capron exceptionnel. Ce stand où une fausse pelouse accueille un indien en méditation en résine et une lampe en forme de crayon est à l’image du marché : éclectique et convivial.

Rêve de marchand


Pendant que quelques uns s’affairent au rangement de leur stand, d’autres réparent, retapent, nettoient des pièces. Certaines allées chaleureuses hébergent des marchands autour d’un café, d’autres sont plus silencieuses. Le regard dans le vide, les vendeurs attendent les clients. Un marchand de parfums, ancien médecin, ou un cadre supérieur devenu brocanteur, tous sont unis par l’amour des beaux objets.

Objets très insolites


Des curiosités et des objets exceptionnels, il y en a à foison dans les différents stands, encore faut-il oser entrer pour les découvrir. Au fil des allées, quelques étalages se démarquent. Squelette, crâne et crucifix attirent l’oeil des curieux. Dans une valise, une scène de mine est reconstituée. Un grand placard trône au fond, ouvert sur des objets qui semblent directement issus du laboratoire de Frankenstein. Une sorte de musée des horreurs en plein air (stand 211) qui s’échappent du décor.

Au milieu des immeubles


Des allées qui se croisent, des gens qui s’interpellent, une ambiance de village règne sur le marché Paul Bert. Le coq girouette se repose à l’est, du lierre court sur les bâtiments et les camions se chargent et se déchargent sous le regard d’une statue au balcon. Au milieu des immeubles de Saint-Ouen, de l’autre côté du périph, il y a de la vie dans ces rues piétonnes. Sous un ciel de printemps, les stores s’ouvrent sur des antiquités, du design et un air d’ailleurs plane sur l’endroit. Les vendeurs n’ont pas d’âge, comme les objets qu’ils vendent. Le temps n’a plus d’aiguille et le village semble toujours à la fête. Les animaux colorés qui s’installent sur les stands me mettent la puce à l’oreille….

Les arts forains font la fête


Dans le pavillon de lierre, les murs se parent de jaune pour entraîner les visiteurs au coeur d’une fête foraine hors du temps. Une machine de force installée à l’entrée semble demander un droit de passage. Le clown du manège pour enfants attend des camarades de jeu sous le regard du grand cheval blanc cabré. La collection de M. Campion prend vie sous les affiches de la foire du trône qui tapissent les murs. Un hommage à l’organisateur de la célèbre foire et collectionneur mécène des arts forains. A l’étage, les canards roses montent la garde en attendant d’être pêchés. Chameau, girafe, âne et cheval cohabitent dans cet espace comme au temps de leur activité au carrousel. Ce manège imaginaire rassemble des pièces vieilles de 15 ans mais également un vieux Bambi des années 50, un Donald presque difficilement reconnaissable et des décors de fête foraine.

Le monde forain d’autrefois


La plupart de ces objets sont français ou allemands. « On se débrouillait bien de ce côté là. Il y a de vrais collectionneurs, un vrai marché pour tout ça » explique l’organisation de l’événement. Tous les objets en bois présentés sont des antiquités. Après tout, le marché Paul Bert reste un marché d’antiquités et les arts forains ne dérogent pas à la règle. Alors que les derniers préparatifs sont en cours, l’accueil dévoile une roue de la fortune en fer, un pégase unique et un âne sauteur. Sous les yeux écarquillés des chevaux de bois, il est facile de se sentir comme l’enfant perdu de Jean-Pierre Jeunet. Une ambiance magique et envoûtante déclenchée par la présence d’une cible de carabine à plomb, d’une gondole de manège accrochée au mur ou d’un personnage d’orgue de barbarie de la fin du 19e siècle. L’envie subite de s’installer au volant de l’auto-tamponneuse des années 30 au siège en cuir rouge est vite chassée par le regard de la sirène qui s’étire de tout son long, dévoilant ses charmes féminins.

Le mystère des forains


D’autres comptent bien dévoiler aux visiteurs de multiples secrets. Tarologues et diseuses de bonne aventure révèleront de mystérieuses vérités. Un autre secret risque d’être percé à jour avec la boite magique où les épées sont censées transpercer le corps de la jeune femme enfermée dedans. Et pendant tout ce premier week-end, s’installant dans l’authentique roulotte foraine à l’entrée, la cartomancienne connaîtra les moindres recoins de la vie des curieux qui osent entrer. Le mystère autour des forains enveloppe chaque visiteur. Durant ces deux premières journées, les 19 et 20 juin, faute de dresseur de puces, acrobates, contorsionnistes et funambules paraderont dans le marché pendant que l’orchestre de jazz et le quatuor classique enchanteront de leurs notes animées, ce lieu où la magie et ses mystères prennent vie.

Les Arts Forains du 18 juin au 26 juillet 2010.
Animations et concerts les 19 et 20 juin.
Festival Jazz Musette des Puces du 18 au 21 juin.

Marché Paul Bert
96, rue de Rosiers
93 400 Saint Ouen
France

Horaires:
Vendredi 8h – 12h
Samedi 9h – 18h
Dimanche 10h – 18h
Lundi 11h – 17h

Interview de Pascal Cuisinier, seul galériste et antiquaire du Marché de Paul Bert

Portrait d’Yvan, brocanteur mystérieux du marché Paul Bert


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