Il faut voir plus loin que l’objet

Publié le 18 juin 2010 par Topika

Architecte de formation, Pascal Cuisinier, personnage atypique et bavard, devient philosophe de l’art. La seule galerie des puces rassemble du mobilier authentique des années 1952 à 1959. Une période où les premières productions en série d’un objet « designé » font leur apparition en mini séries. À travers des catalogues (photographies, biographies, théories) expliquant ce qu’est le design, Pascal Cuisinier défend les esthéticiens-concepteurs désormais appelés les premiers designers français.

Hoosta Magazine – Pourquoi choisir de rassembler des meubles de cette époque?
Pascal Cuisinier:
C’est une vraie connexion esthétique du « moi je », j’aime. En plus, il y a un travail de dessin et c’était très novateur pour l’époque. Au début, c’était simplement par goût personnel et petit à petit, j’ai fait la découverte de designers peu connu et pourtant dans les meilleurs de France au XXe siècle. Il y a très peu de pièces mais elles correspondent à ma vision du design. J’aime le passage de l’oeuvre décorative au design. Il y a tout un travail à faire là-dessus.

Hoosta Magazine – Qu’est ce qui vous diffère d’un galeriste?
P.C :
La difficulté d’obtenir les pièces! Tous ces artistes sont morts donc je fais un travail de galeriste différent de ceux qui n’ont qu’à commander des oeuvres pour une exposition. Ces objets ne sont pas fait pour la collectivité. Ils sont rares donc j’en prête parfois comme pour l’exposition 2010 « Mobi Boom » du Musée des Arts Décoratifs. Je dois collecter des pièces, d’ailleurs j’ai du mal à les stocker (rire), j’ai tendance à beaucoup agglutiner, et je veux défendre en même temps les artistes. Cette jeune génération française des années 50 est peu connue, à part Paulin, mais il y a pourtant une douzaine d’artistes et trois éditeurs de luminaires aussi intéressants.

Hoosta Magazine – Comment choisissez-vous les pièces?
P.C:
Je suis marchand donc tout est à vendre. Il me faut donc des pièces en bon état. Je les laisse comme telles si elles sont correctes. Sinon elles sont restaurées, surtout au niveau du vernis. Je les prépare pour qu’elles soient vendues à des gens qui aiment les très beaux meubles. L’esthétisme, ça s’apprend. Il est plus facile d’acheter un meuble qu’on reconnaît et c’est là que le conseil intervient (vernis, rareté, marchand spécialisé), même si c’est plus cher, c’est une forme de garantie.

Hoosta Magazine – Comment acquérez-vous de nouvelles pièces?
P.C:
Je chine. Mais c’est l’information qui est la plus importante. Le réseau est essentiel. Je suis présent sur ce domaine et connu pour ça. Et bien sûr, il faut payer! On doit avoir les finances au moment opportun. Si tu es un bon payeur, les gens le savent et ça te donne une bonne réputation. Ça ne sert à rien d’attendre une pièce pas chère, ça n’existe plus. Il faut voir plus loin que l’objet, les voir comme des conseils de valeur. Acheter un pièce chez quelqu’un qui s’y connaît, c’est un gage de prix, de qualité. Et ici les meubles prennent de la valeur même après leur achat car ils sont rares. Votre vendeur vous les rachètera après parce qu’il connait la qualité.

Hoosta Magazine – Est-ce difficile de se séparer de ces pièces rares alors qu’il est compliqué de les rassembler?
P.C:
(rire) Ça c’est une question de particulier. Galeriste, marchand, c’est pareil! J’adore mettre les pièces en valeur, en scène. C’est génial! Mais après, il faut les disperser pour pouvoir faire autre chose. Le nerf de la guerre, c’est l’argent, donc je dois vendre. Je suis content quand finalement je les vois partir. Je peux ensuite commencer autre chose.

Premiers designers français – Galerie Pascal Cuisinier
Stand 91, Allée 6, Marché Paul Bert
96, rue de Rosiers
93 400 Saint Ouen, France