Pleurer des rivières

Publié le 20 juin 2010 par Cetaitdemainorg

Actuellement je pleure beaucoup, des larmes sans chagrin ni peau. Mes réserves d'eau sont si basses que mon corps s'est réduit de moitié. Cry me a river, chantait la belle Viktor Lazlo. Mais j'ai perdu mon bateau dans la tourmente. Les moignons qui me tiennent lieu de rames sont des passoires. Rame rameur, ramez, chantait aussi Alain Souchon. Tiens ! Qu'est-ce que ça donnerait sur un bateau, Viktor Lazlo et Alain Souchon ? Qui en pincerait le premier ? Hum ! Mieux vaut que je continue ma régate en solitaire. Je moucherai les larmes dans la voile, j'en sècherai le sel avec l'harmattan et la friction du sable sur une île conduira mes semelles. En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois, chantait encore Jacques Brel et il s'y connaissait en îles. L'ennui, c'est comme le cholestérol. Il y a le bon et le mauvais. Mon taux de mauvais ennui est très élevé en ce moment. Alors je m'entraîne à ramer dans la glace. Han ! Han ! Encore un effort. La ligne d'horizon est bien tendue sous la pluie de juin. Le rossignol de Cioran n'en finit pas de roter. Je suis rassuré. Lui aussi pleure des rivières.