Critique : "Dog Pound"

Par Dime

DOG POUND

De Kim Chapiron

Avec Adam Butcher, Shane Kippel et Mateo Morales


Mon avis : «««

Cinq ans après son premier film "Sheitan", Kim Chapiron, le cofondateur du collectif d’artistes Kourtrajmé, s’associe au producteur Georges Bermann ("Eternal Sunshine of the Spotless Mind", "La science des rêves"...) pour les besoins de "Dog Pound", une œuvre sans concession sur l’univers carcéral chez les délinquants juvéniles. A travers les trajectoires de Davis, Angel et Butch, trois mineurs condamnés respectivement pour trafic de stupéfiants, vol de voiture avec violence et agression sur un officier de probation, le jeune cinéaste orchestre une plongée implacable dans les couloirs d’Enola Vale, une prison sans histoire du Midwest. Ce choix géographique audacieux évite d’ajouter cette œuvre à la liste bien trop longue de celles ayant eu lieu sur les côtes ouest et est des Etats-Unis. Chapiron préfère l’Amérique White Trash aux clichés des minorités raciales et les acteurs non professionnels aux talents confirmés. Une combinaison qui permet à "Dog Pound" une approche originale et (quasi) inédite sur les réalités pénitentiaires. Au milieu de ce labeur de qualité trône Adam Butcher, remplaçant in extremis du chanteur K’naan à qui devait revenir le rôle-titre. Le jeune acteur crève littéralement l’écran de son regard fou renfermant à lui tout seul la violence froide et palpable qui suinte de la pellicule. Ses colères qui sourdent finissent par exploser imprévisiblement, allant jusqu’à retourner vos tripes. La mise en scène, épurée, efficace dans sa concision, épatante par sa maîtrise, atteint des sommets lors de la scène de mutinerie finale, qui suffit à tirer une conclusion sans appel. Après "Sheitan", film allumé et sujet aux polémiques, Chapiron confirme haut la main son talent. Le jury du festival de Tribeca ne s’y est d’ailleurs pas trompé puisqu’il lui a attribué le prix du meilleur jeune réalisateur.